Don du sang : trois fois plus de refus en Guadeloupe que dans l'hexagone
En Guadeloupe, entre 25 et 30 % des personnes qui viennent donner leur sang se voient refouler par l'Etablissement Français du Sang. Il peut s'agir de refus qui ne sont que temporaires mais qui peuvent décourager les donneurs potentiels. Des pratiques sexuelles considérées comme à risques, des voyages même en escale dans des pays sur liste rouge sanitaire ou bien des particularités locales du sang peuvent motiver de tels refus.
En pleine campagne pour le don du sang, l'Etablissement Français du Sang n'a pas fait le plein. Pour la première journée de don du sang gourmand organisé sur deux jours mercredi et jeudi au siège de l'EFS aux Abymes, seuls 21 donneurs se sont présentés. Seules douze poches de sang ont pu être prélevées alors qu'il en faudrait 35 à 40 par jour pour pouvoir fournir la demande de sang localement. Six personnes se sont vus notifier un refus. Trois pour des raisons d'anémie ne pouvaient pas donner leur sang. En Guadeloupe, un tiers des refus sont motivés par cette raison. Les anémies touchent plus nos populations que dans l'hexagone. Il peut également s'agir (pour un autre tiers), de voyages effectués dans des pays dits à risques comme la République Dominicaine ou Haïti ou même la Guyane. Dans le reste de la Caraïbe, ce délai tombe à 28 jours à partir de la date de votre retour. Et cela vaut même pour une escale. Le Dr Mireille Bordenet, responsable des prélèvements à L'EFS explique : "Le pays du moment qu'on y est passé, il y a un risque de paludisme. C'est une maladie qui se transmet très facilement par le sang et qui peut être très grave et elle n'est pas facile à diagnostiquer sur les prélèvements sanguins. Pour une croisière par exemple, à partir du moment où on passe au Vénézuéla par exemple ne serait-ce que pour une escale même si on ne descend pas du bateau, on doit attendre quatre mois avant de pouvoir donner son sang. En avion, on est un peu plus tolérant. Si le donneur n'est pas descendu de l'avion, il ne sera pas contre-indiqué, en revanche, s'il est descendu de l'avion, il sera refusé".
Des pratiques sexuelles considérées comme à risques
Il est toujours difficile de donner son sang pour certains publics. Les hommes homosexuels par exemple s'étaient vus signifier en juillet 2016 qu'ils pouvaient donner leur sang. Sauf que dans les faits, l 'EFS demande une absence de rapports sexuels avec un autre homme un an avant de faire un don. En ce qui concerne les rapports hétérosexuels, si vous avez eu plus d'un partenaire même en ayant des rapports protégés durant les trois mois précédant un don, vous serez également dans l'impossibilité de donner votre sang. A noter que les femmes homosexuelles peuvent donner leur sang sans restriction de partenaires puisque ces rapports sont considérés comme à faible risque de transmission du VIH.
Un don du sang se programme
Pour éviter les refus et ainsi éviter d'être déçu et de ne pas retenter cette expérience de générosité et de don de soi, préparez-vous au mieux. En pleine saison des croisières, donnez votre sang avant de partir. Même chose avant un voyage en avion dans un pays à risque (tout le bassin caribéen à part les îles francophones) ou même quand il s'agit d'une escale. Renseignez-vous auprès de l'EFS sur les conditions à remplir avant de vous rendre à l'établissement français du sang. Par an, 14 000 poches de sang seraient nécessaires localement pour alimenter la demande. Or, actuellement 8000 poches seulement sont collectées par an. Plus d'une poche sur trois vient de l'hexagone. "Il est possible que ces contre-indications même temporaires découragent certains donneurs, certains nous en font le reproche d'être trop sévères mais aucun patient ne nous l'a jamais fait. Et le donneur qui aura quelqu'un de sa famille qui aura besoin d'un don du sang, il saura qu'on va transfuser des poches qui sont aussi sûres que possible", rassure le médecin.
Contact EFS Guadeloupe-Guyane: 05 90 47 18 20.