Le chlordécone augmente les récidives du cancer de la prostate

Par 21/03/2019 - 21:20 • Mis à jour le 18/06/2019 - 11:55

Le président de la République a eu beau mettre en doute l'aspect cancérigène du chlordécone, une nouvelle étude confirme que l'exposition au pesticide augmente les risques de récidive du cancer de la prostate.

    Le chlordécone augmente les récidives du cancer de la prostate

Classé cancérogène probable dès 1979 par l'Organisation Mondiale de la Santé, le pesticide chlordécone a tout de même été utilisé jusqu'en 1993 aux Antilles grâce à plusieurs dérogations gouvernementales.

Polluant la terre, la mer, les rivières, la viande, le poisson, le pesticide a infecté 95% de la population des Antilles françaises.

Nouvelle étude

Une nouvelle étude publiée ce jeudi (21 mars 2019) dans la revue médicale International Journal of cancer relègue les doutes sur le caractère cancérigène du chlordécone au rang d'élucubrations. Selon les observations de Luc Multigner, chercheur à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale, et Pascal Blanchet, chef du service urologie au CHU de la Guadeloupe, l'exposition au chlordécone augmente jusqu'à 3 fois les risques de récidive du cancer de la prostate.

Rien de réjouissant quand on sait que la Martinique détient le triste record du monde du plus grand nombre de cancers de la prostate pour 100 000 habitants (230 nouveaux cas pour 100 000 hommes chaque année).

Un risque de récidive multiplié par 3

Les deux chercheurs ont basé leur étude sur l'observation de 326 hommes présentant une forme localisée de cancer de la prostate et traités par prostatectomie totale (ablation de la glande prostatique, le traitement le plus fréquent) au CHU de la Guadeloupe.

L'exposition des patients à trois polluants persistants dont le chlordécone a été mesurée avant l'opération explique le journal Le Monde. Alors qu'aucun n'excès de récidive n'a été observé pour le DDE et le PCB, le risque est multiplié par deux ou par trois lorsqu'il s'agit du chlordécone.

En revanche, les chercheurs n'ont pas pu établir précisément comment le chlordécone favorisait cette multiplication des risques. Une analyse toxicologique du chlordécone révèle cependant que le pesticide peut "favoriser la prolifération de cellules tumorales toujours présentes dans l’organisme malgré l’ablation de la glande prostatique."

"Il ne faut pas dire que c’est cancérigène", avait déclaré Emmanuel Macron le 1er février 2019 lors d'une séance du grand débat avec les élus ultras marins. Il semble que les scientifiques ont levé les doutes qui habitaient le locataire de l'Elysée.


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