Comment les scientifiques mesurent l’érosion des plages ?
La montée des eaux est un phénomène naturel mais aussi étroitement lié au réchauffement climatique. En Martinique, l'observatoire de la dynamique du littoral martiniquais surveille de près ce phénomène.
A l’occasion des 30 ans de la fête de la science, l’Observatoire de la dynamique du littoral martiniquais organise une sortie sur la plage du Carbet ce mercredi pour montrer comment les scientifiques travaillent sur le terrain.
Sur le littoral carbétien, l’évolution de la plage est complexe car elle s’étale sur différentes échelles de temps. Par exemple suite à un épisode de forte vague lié au passage d’un cyclone, l’érosion peut être très importante et entraîner un recul général de la plage en quelques heures. Ce fut le cas lors du passage de l'ouragan Maria en septembre 2017. À l'époque la forte houle avait creusé la plage sur plusieurs mètres avant qu'un phénomène de houle ne ramène une partie du sable quelques semaines plus tard.
A l’échelle des saisons, le phénomène est plus complexe car il dépend du sens de propagation des vagues et sur certains secteurs la largeur de la plage peut même augmenter de plusieurs mètres en quelques mois.
Enfin, sur le plus long terme, la plage montre une tendance globale vers l’érosion. Une meilleure compréhension de ces phénomènes est essentielle pour nous permettre de nous adapter aux évolutions du littoral.
Au Prêcheur par exemple, les habitants voient le trait de côte bouger. "En moins de 40 ans, la mer a tout grignoté. Mes parents avaient une maison qui était à 200 mètres de la route qui a été emportée. On a reconstruit et le maison à de nouveau été emportée. Là maintenant on est dans les mornes", témoignent Molière, habitant de la commune depuis l'enfance.
Images satellites et GPS de précision
Pour quantifier scientifiquement les observations des habitants, les scientifiques disposent de plusieurs outils.
"Pour mesurer on utilise souvent l'imagerie", explique Clément Bouvier, ingénieur chercheur au BRGM. "On ne peut pas aller sur le terrain tous les jours donc on utilise des images satellites, les images orthophoto fournies par l'IGN ou encore des appareils capables de prendre photos à intervalles réguliers", précise l'ingénieur.
Les scientifiques mesurent également les plages avec un GPS de haute précision. "C'est un outil qui est capable de mesurer précisément la hauteur du sol. Il permet d'évaluer le stock sédimentaire présent sur la plage", détaille Clément Bouvier.
Le littoral martiniquais totalise un linéaire de plus de 450 kilomètres, caractérisé par une grande variété de typologies côtières et exposé à des pressions environnementales sans précédent. L'observation et le partage de
l'information au regard de la dynamique du littoral sont aujourd’hui indispensables pour mieux comprendre la complexité des phénomènes et faciliter notre adaptation aux changements climatiques.
Depuis 2017, le BRGM (Service géologique national) et la DEAL (Direction de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement de la Martinique) ont initié un réseau de suivi sur certaines plages du littoral martiniquais dont la plage du Coin au Carbet.
Le reportage d'Erika Govindoorazoo :