Fratricide aux assises : la mère témoigne
La souffrance d'une mère s'est exprimée ce mardi après-midi devant la cour d'assises de Basse-Terre. Celle de la douleur d'une mère à qui il est très difficile de choisir entre un fils auteur d'un coup de couteau mortel sur un second et un troisième... détenu en prison pour d'autres faits de violences. Son témoignage pendant plus d'une heure a secoué toutes les parties impliquées dans ce dossier extrêmement douloureux et compliqué.
Difficile de témoigner pour une mère dont l'un des fils est décédé, tué par un second et dont le troisième est en prison. Difficile de raconter, pendant un peu plus d'une heure, un climat de violence entre des frères où l'estime a laissé la place au mépris.
Un exercice pourtant que cette femme de 49 ans, mère de 7 enfants, dont le premier à l'âge de 19 ans, et que ses trois derniers enfants ont été placé en famille d'accueil par leur père, affronte avec assurance. Une détermination dans ses propos qui décrivent les scènes qui ont précédé les faits, puis racontent la scène de crime, dans le moindre détail, d'une voix teintée d'une profonde souffrance.
Une femme qui a fait le choix de quitter son domicile personnel pour habiter un studio afin d'éviter d'être confrontée à l'un de ses fils, trop violent, même si elle dit avoir tout fait pour éviter d'arriver à ce drame.
Malgré cette souffrance, elle a accepté d'aller voir Luidgy en prison tout comme de s'occuper des bêtes que celui-ci élevait.
Elle a, aussi, des contacts avec Astonne qui vit désormais en Métropole.
"Je ne suis ni pour un, ni pour l'autre a t-elle dit cet après-midi. L'un est au cimetière, un autre est en prison, un 3e a refait sa vie.
J'aimerais que la vie de mes enfants changent. Ce n'est pas la faute d'Astonne. Il ne voulait pas tuer Willem. Il n'a fait que se défendre. Tout cela ne serait pas arrivé si Willem n'avait pas frappé Astonne et si Willem et Luidgy ne s'étaient pas jetés sur Astonne", fin de citation.
Situation difficile et compliquée pour cette femme; cette mère qui dit ne pas avoir eu peur de Luidgy tout en reconnaissant qu'il semait la terreur autour de lui au point que celui ci l'ait menacé et frappé.
Une mère qui s'est constituée partie civile, ce que font généralement les proches d'une victime pour exiger justice et réparation. A la différence que cette fois, cette mère est à la fois celle de la victime et celle des deux accusés.
Rappel des faits
Le 24 juin 2016, vers 22 heures, un drame s'est produit à Pointe-Noire. Alors qu’ils se trouvent au domicile familial de leur mère, une dispute éclate entre Astonne Jacob et Luidgi Cathere.
Ce n’est pas la première fois que les frères laissent éclater leur colère :cette altercation intervient après une précédente survenue quelques instants plus tôt.
Astonne Jacob aurait alors frappé à une ou plusieurs reprises Luidgi et un autre frère, Willem Cathere de coups de couteau, pour se défendre d'agressions dont il aurait été victime de leur part.
Les trois frères sont alors blessés au cours de cette violente bagarre mais Willem, plus gravement touché, décédera deux jours plus tard des suites de ses blessures.
Le procès reprendra ce jeudi et le verdict est attendu vendredi.