Jacques Bangou va-t-il être révoqué ?
C’est une révocation du maire que le Préfet souhaiterait obtenir à Pointe à Pitre. Jacques Bangou a reçu ce lundi, un courrier, lui indiquant qu’une procédure de révocation était prise à son encontre. Les 78 millions de déficit de la commune, révélés dans le dernier rapport de la Chambre Régionale des Comptes, ne passent pas du tout dans les services de l'Etat, qui ont décidé de passer à l'action.
Après la CAGSC, au tour de Pointe à Pitre d'être dans l’œil du cyclone et dans le viseur de l'Etat. 75 millions de déficit pour la communauté d'agglomération Grand-Sud Caraïbes, 78 millions pour le budget primitif 2018 de la commune dirigée par Jacques Bangou.
Il s'agit-là d'un coup de tonnerre à 10 mois maintenant des élections municipales. Le terme révocation, était bien inscrit dans le dernier rapport de la Chambre régionale des comptes, qui avait agité le spectre de l’article L2122-16 du code général des collectivités territoriales qui peut aller pour le maire jusqu'à une procédure de suspension par arrêté ministériel et de révocation par décret motivé pris en conseil des ministres. On en est pas encore là mais, la procédure est activée.
Le maire a donc été informé des dispositions prises par le préfet et il a désormais un mois pour y apporter une réponse contradictoire. Il peut porter recours contre le décret de révocation auprès du Conseil d’Etat.
Si la décision de révocation est prise, le maire restera tout de même conseiller municipal, et son premier adjoint, en l’occurrence Josiane Gatibelza, la remplacera le temps organiser un nouveau scrutin au sein du conseil municipal. Cela doit se faire sous 15 jours. En revanche, Jacques Bangou ne pourra pas être candidat, il est déclaré inéligible pour une durée d’un an, sauf et c’est le cas d'ailleurs, si les élections municipales générales ont lieu avant. En clair, il pourra briguer un nouveau mandat en mars prochain.
Pour que de nouvelles élections aient lieu à Pointe à Pitre avant, il faudrait que la moitié du conseil démissionne, ce qui ne semble pas être le scénario prévu pour le moment.
Jacques Bangou réagit
Dans une lettre ouverte à la population pointoise et au personnel communal, le maire de Pointe à Pitre indique que "le Président de l’Association des Maires de la Guadeloupe, Monsieur Jean-Claude Pioche, m’informe ce jour, que le Préfet de la Région Guadeloupe, Monsieur Philippe Gustin, lui a fait part de démarches qu’il entreprendrait pour mettre en place une procédure de
révocation du maire que je suis et que vous avez élu. N’ayant au moment d’écrire ces lignes, aucune information directe venant du Représentant de l’Etat, je ne peux que partager avec vous mon sentiment.
Quelle faute grave aurais-je commise pour donner au pouvoir le prétexte d’écarter le maire de la ville de Pointe-à-Pitre, vice-Président de Cap Excellence et Président du P.P.D.G.?" avant de poursuivre "la ville dans son fonctionnement annuel génère certes un déficit mais, plus de 25 mesures drastiques d’économie ont permis depuis trois ans de le réduire. Les efforts continueront même si la nature structurelle de ce déficit comme celui de nombreuses collectivités communales des Outre-mer, appelle à une réforme en profondeur." Sur la dette et le déficit globaux constitués, le maire indique avoir "pris en compte les remarques de la CRC (Chambres régionales des comptes)."
Jacques Bangou en conclusion se réjouit de voir "que mon intégrité ne soit nullement remise en cause par la Chambre, qui n’a formulé aucun grief d’enrichissement personnel à mon encontre. En tout état de cause, il appartiendra à la population de jauger l’action que nous entreprenons et de juger la commande politique qui soutient cette agression" et de conclure "je m'opposerai par toutes les voies de droit à un tel coup de force contre les libertés communales."