La station sismologique des Saintes fonctionne bien
En enregistrant un premier séisme le dimanche 20 juin 2021, deux jours après la finalisation de son installation, le nouvel observatoire sous-marin à mesures optiques a rapidement démontré son utilité.
Ce premier enregistrement signe le succès de plusieurs années de recherche et de développement sur les capteurs optiques en bout de fibre, réalisés par l’IPGP, l’ESEO et l’ENS dans le cadre du projet Interreg PREST, en vue de surveiller au plus près la sismicité de la zone des Saintes, touchée en 2004 par un séisme de magnitude 6.3, le plus important qui ait touché les Antilles françaises depuis des décennies, et dont la persistance de l’activité est encore discutée.
Installée pour la première fois dans des conditions réelles de surveillance, cette station sismologique innovante permet de s’affranchir de nombreux problèmes liés au déploiement habituel d’électronique et d’énergie en fond de mer. Le sismomètre purement mécanique est posé à 40 m de profondeur sous l’eau et relié à la terre par un câble optique de 5 km au bout duquel à terre, un interrogateur laser permet de mesurer à distance son mouvement avec une grande précision. Les données sont désormais transmises en temps réel aux observatoires volcanologiques et sismologiques de Guadeloupe et de Martinique de l’IPGP.
En outre, grâce à une approche novatrice de suivi des perturbations du signal lumineux liées au passage des ondes sismiques, la fibre elle-même sert de réseau de capteurs (soit l’équivalent de 500 sismomètres!). Cette méthode DAS (Distibuted Acoustic Sensing ) a été mise en place dans le cadre d’une collaboration PREST-Géoazur.
Pour installer ce nouveau dispositif, la campagne océanographique FibroSaintes dirigée par Géoazur a nécessité près de 3 semaines de travail en mer de plongeurs et d’ingénieurs chevronnés, mais aussi à terre pour le raccordement et la protection des fibres. Cette prouesse technique préfigure les instruments de surveillance de demain, puisque des projets plus ambitieux devraient être lancés pour étudier en temps réel les zones sources des grands séismes de la zone de subduction antillaise. De tels équipements seront aussi installés prochainement au large de Mayotte pour compléter la surveillance de la crise sismo-volcanique actuellement en cours.