Le génie des plantes pour lutter contre l'érosion et le risque d'inondation

Par 24/02/2021 - 14:05 • Mis à jour le 24/02/2021 - 15:03

Utiliser les végétaux pour éviter l’érosion, réduire le risque d’inondation et la perte de biodiversité des milieux aquatiques locaux, c’est le but du projet « Protéger le génie des plantes en action ! » Le génie végétal doit permettre de lutter contre la dégradation des milieux d’eau douce en Guadeloupe et à leurs conséquences sur la biodiversité locale Ce mardi matin, le Parc National a présenté à la presse la deuxième phase de ce projet qu’il mène en partenariat avec l’INRAE et l’Université des Antilles. Les premières boutures réalisées en pépinières ont été présentées à l’INRAE.

    Le génie des plantes pour lutter contre l'érosion et le risque d'inondation

Ce mardi matin, le Parc National a présenté à la presse la deuxième phase du projet « Protéger, le génie des plantes en action ! » qu’il mène en partenariat avec l’INRAE et l’Université des Antilles depuis 2016.

Face au constat d’une dégradation des milieux d’eau douce en Guadeloupe et à leurs conséquences sur la biodiversité locale, les chercheurs ont en effet mis en place ce projet consistant à développer les techniques de génie végétal sur les cours d’eau de Guadeloupe.

Le constat est en effet alarmant dans l’archipel : 59% des berges observées au cours de cette étude, sont polluées et 75% abritent des espèces exotiques potentiellement envahissantes. Les techniques de génie végétal sont donc un outil pour lutter contre cette situation.

C’est quoi le génie végétal ?

Le génie végétal aussi appelé génie biologique, désigne la mise en œuvre des techniques qui utilisent les végétaux et leurs propriétés mécaniques et/ou biologiques, pour le contrôle, la stabilisation et la gestion des sols érodés. Ces techniques permettent la restauration, la réhabilitation ou la renaturation de milieux dégradés et l’épuration ou la dépollution des sols et des eaux. Il s’agit ainsi d’utiliser les plantes locales, arbres, arbustes ou herbes les plus adaptées, pour recoloniser les berges et lutter ainsi contre l’érosion et le risque d’inondation. Des avancées scientifiques Le projet « Protéger, le génie des plantes en action ! » est construit en plusieurs phases.

Depuis 2016, les chercheurs ont étudié les végétaux endémiques afin de sélectionner ceux dont les propriétés sont le plus adaptées. 15 rivières ont été étudiées et 266 berges inventoriées. 80 espèces indigènes ont ainsi été analysées.

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Ce mardi matin, les premières boutures réalisées en pépinières ont été présentées à l’INRAE sur le site de Duclos à Petit-Bourg. Eléonore Mira, docteure en génie végétal, travaille sur ces boutures depuis plus de six mois. Une quarantaine d’arbres, d’arbustes et d’herbacées ont montré selon elle un réel potentiel pour ce projet. Aucune étude de ce type n’avait été réalisée dans la zone tropicale. Ces résultats sont donc une première.

 

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L’INRAE Lyon-Grenoble est également partenaire du projet aux côtés de l’Institut des Antilles-Guyane. Les chercheurs de l’Institut de Rhône-Alpes apportent leur expertise en génie végétal. Mais ils pourront également bénéficier du fruit de ces travaux. Ainsi, certaines espèces dont les propriétés sont proches de nos végétaux locaux pourraient être utilisées en génie végétal à l’avenir dans l’hexagone.

Lucie Labbouz, responsable du projet « PROTEGER » Phase 2, cette expérience de grande envergure doit servir de modèle pour les territoires des Antilles-Guyane mais également pour les autres pays caribéens qui pourraient trouver à travers elle, une réponse aux problématiques similaires qu’ils rencontrent.

 

serre
Serre INRAE Antilles-Guyane

Un enjeu environnemental et sociétal

Mylène Musquet directrice adjointe du Parc National de la Guadeloupe explique que l’enjeu est à la fois environnemental, pour améliorer la biodiversité et les fonctions écologiques des berges des cours d’eau. Mais il est également social car préserver ces milieux permet également de protéger les biens et les personnes, principales victimes des conséquences de l’érosion de ces zones notamment lors des crues.

Le projet peut avoir un réel impact sur le quotidien des populations et constituer une alternative naturelle, innovante et plus respectueuse de l’environnement aux techniques du génie civil. Ces résultats seront applicables non seulement aux abords des cours d’eau mais également sur le littoral, pour éviter l’effondrement de parois aux abords des routes, des entreprises ou des habitations. Par ailleurs, ce projet permettra de créer de nouveaux métiers sur le territoire.

 

Fabrice Luce et Lucie Labbouz
Fabrice Luce et Lucie Labbouz

 

 

Répondre à des problématiques concrètes

Les espèces sélectionnées seront réimplantées sur des zones autour des cours d’eau à Petit-Bourg, territoire pilote pour ce projet « Protéger, le génie des plantes en action ». Fabrice Luce, adjoint au maire de Petit-Bourg en charge du fleurissement y voit une réelle solution pour l’avenir face à la problématique de l’érosion des berges des cours d’eau de la commune. L’élu explique que certaines rives notamment celles de la rivière de la Lézarde dont l’effondrement menace les terrains de particuliers et se rapproche de certains tronçons de route font déjà l’objet d’une attention accrue.

 

 
 
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