Les inquiétudes de la filière canne sucre rhum s’intensifient
Pour les professionnels du secteur le constat est alarmant : les objectifs ne sont pas atteints et les conditions de travail des planteurs, se dégradent de plus en plus.
La filière canne sucre rhum manifeste de plus en plus d’inquiétudes. L’heure est en effet au bilan et les chiffres sont loin des objectifs : Les usines ont broyé 206 000 tonnes de canne alors qu’elles attendaient au moins 280 000 tonnes pour satisfaire la demande.
Dans le même temps, les producteurs doivent faire face aux mauvaises herbes qui envahissent les exploitations : il y a un réel risque de perdre des hectares de canne, expliquent aujourd’hui les planteurs. « La matière première est menacée. Nous avons des moyens limités. Nous sommes ramenés à travailler manuellement et utiliser essentiellement une main d’œuvre étrangère sans aides particulières. Nous avons un surcoût de 1500 euros par hectares. Nous avons sensibilisé les autorités pour pouvoir replanter plus fréquemment », a expliqué en détail Justin Séraline, le président de Canne Union.
Un secteur qui recrute
« L’ancienne région avait, dans le cadre du plan canne, donné des mesures pour pouvoir recruter nos jeunes. Nous avons lancé aujourd’hui un appel à projet pour essayer des machines et pouvoir lutter mécaniquement contre les mauvaises herbes. Nous sommes susceptibles d’embaucher » indique t-il de nouveau.
La filière devra encore augmenter la production de canne. L’objectif : passer de 200 000 à 280 000 tonnes . « Nous voudrions 80 000 tonnes supplémentaires pour nous permettre de faire du rhum industriel, du bon sucre, du rhum AOC. Cela profitera à la création de nouveaux emplois. Nous pouvons y arriver en donnant des moyens au CTCS (centre technique de la canne et du sucre) en formant les planteurs pour leur permettre de faire plus de rendement à l’hectare », détaille Eric Eugène, le directeur de la SICA CANNE Union.
L’une des batailles de la profession sera aussi de relancer l’économie du secteur qui est en berne et trouver des arguments contre la taxe instaurée il y a deux ans par le gouvernement : Paris espère, à travers cette fiscalité, mieux lutter contre la consommation massive d’alcool.
Une taxe reconduite en 2021 et qui inquiète toujours la profession qui a déjà vu son nombre de clients diminuer à cause du contexte sanitaire actuel. « Nous regrettons que l’état ait mis en place une taxation de 40 centimes sur chaque bouteille de rhum. Nous trouvons cela injuste que cette taxe soit maintenue vu les circonstances actuelles » déplore Charles Larcher, le président du Codérhum, comité martiniquais d’organisation et de défense du marché du rhum.