Le CHU de Martinique réactive ses unités spéciales "covid-19"
Les services hospitaliers de Martinique anticipent une accélération de l'épidémie de covid-19 et une recrudescence de cas graves de la maladie provoquée par le nouveau coronavirus. Des unités spéciales ont été de nouveau activées, par mesure de précaution.
Le virus circule activement en Martinique depuis la fin du mois de juillet. La Martinique a d'ailleurs été classée en rouge jeudi dernier pour circulation active du virus. Le nombre de cas positifs a augmenté de 82% entre la semaine du 3 au 10 août et la semaine du 10 au 17 août. Vendredi 28 août, on comptait 602 cas positifs depuis le début de l'épidémie de covid-19 en Martinique dont 340, rien qu'au mois d'août.
Face à cette accélération, le CHUM se prépare à accueillir de nouveaux patients. Pour l'heure quatre personnes, dont une venant de Cayenne, sont hospitalisées en réanimation.
Des unités spécialisées « covid » pour la prise en charge des patients ont été réactivées dans plusieurs services notamment en réanimation ou encore dans le service des maladies infectieuses.
Le CHUM est encore loin de la saturation mais il s'agit d'anticiper une aggravation de la situation. "Nous avons réactivé le dispositif qui était en place au mois de mars dernier", explique le professeur André Cabié, chef du service des maladies infectieuses au CHUM. "C'est à dire que des unités spécialisées pour les patients les moins gravement touchées ont été ouvertes. Nous avons aussi réactivé le secteur covid en réanimation pour les patients les plus graves", ajoute-t-il. Ce secteur avait déjà été réactivé au moment du pic épidémique en Guyane, pour prendre en charge les évacuations sanitaires.
La plupart des personnes hospitalisées sont âgées. Les autorités appellent donc les plus jeunes chez qui l'épidémie a redémarré à faire preuve d'une vigilance accrue lors de leur contact avec les seniors. "Cette circulation du virus en Martinique est la conséquence de la circulation de beaucoup de personnes, de retrouvailles familiales ou amicales. On voit que les personnes les plus âgées commencent à être touchées. On doit vraiment prendre ces précautions vis-à-vis des personnes les plus âgées et les plus fragiles comme les gens souffrant de maladies chroniques ou d'obésité", insiste le professeur André Cabié.
Un virus mieux connu
Les chercheurs n'ont pas attendu la reprise de la circulation du virus dans certaines régions pour avancer sur la connaissance du virus.
Le mode transmission du Sars-CoV-2 se précise au fur et à mesure. Ainsi, la projection de grosses gouttelettes de salive est le vecteur principal de contamination. Les chercheurs ont également établi qu'après 8 à 10 jours d'évolution, les patients sont moins contagieux qu'au début de la contamination, avant la déclaration des symptômes. "Les contacts rapprochés sans protection et les mains souillées sont des vecteurs majeurs de la propagation du virus", rappelle le professeur Cabié.
En revanche selon les chercheurs, une première contamination ne met pas à l'abri d'attraper la maladie une deuxième fois. Le corps serait protégé environ 7 à 8 mois après la première contamination. Des données qui doivent encore être affinées compte tenu de la nouveauté de la maladie.
Quoi qu'il en soit, le virus ne s'est pas affaibli. Les soignants observent certes moins de décès qu'au début grâce aux tests et l'amélioration de la prise en charge mais il n'est moins actif.