Immersion au sein de la Plateforme Riposte Covid

Par 11/08/2020 - 05:00 • Mis à jour le 27/04/2021 - 22:58

Depuis quelques semaines, le nombre de cas positifs au covid19 est en augmentation. Fin juillet, un cluster a été découvert en Guadeloupe. Les autorités mettent tout en oeuvre pour limiter la propagation de l'épidémie sur le territoire. La plateforme Riposte Covid a été mise en place le 20 mars, quelques jours après le confinement. RCI vous propose une immersion au sein de cette équipe.

    Immersion au sein de la Plateforme Riposte Covid

Dans la pièce centrale où se trouvent les bureaux des opérateurs de régulation des appels, le téléphone ne cesse de sonner. La plateforme Riposte reçoit en moyenne entre 100 et 200 appels par jour. Pendant le confinement, lors de sa mise en place, les sonneries retentissaient stridentes et continuellement. Depuis, nous confient les opératrices, « on a préféré baisser le volume au maximum ».

Si le son est désormais à peine perceptible, le voyant rouge d'appel des téléphones ne cesse pourtant de clignoter. A l'autre bout du fil, des personnes souvent très inquiètes mais après six mois de pratique, l'équipe est désormais rompue à l'exercice.

Répondre aux problématiques du territoire

Créée le 20 mars dernier, à peine quelques jours après le confinement du territoire français, la plateforme Riposte a dû faire face à un important afflux d'appels. L'Agence Régionale de Santé a ouvert cette unité pour assurer le contact et l’orientation des patients symptomatiques au COVID19. En pleine crise sanitaire, il s'agissait également de faciliter le travail du centre 15 saturé d'appels. La plateforme ne se substitue pas au numéro vert mis en place par le gouvernement, le  0 800 130 000 (24h/24 et 7j/7). « Les équipes sont là pour apporter une information en lien avec les problématiques du territoire » précise Marlène Cieslik, directrice de l'évaluation et de la réponse aux besoins des populations.

 

Le personnel adapte donc ses réponses au gré des nouvelles annonces gouvernementales ou des nouveaux arrêtés préfectoraux. Dans ces bureaux, de nombreuses personnes se relaient depuis des mois : les opératrices, les médecins, les infirmières, le personnel administratif et technique.

Une coordonnatrice assure la gestion du travail des différentes équipes. Ce jour-là, Mélie Poppa est à la manoeuvre. La jeune femme explique que la plateforme est composée de l'équipe en charge de la réception des appels, de la cellule contact tracing et de l'équipe mobile qui prend en charge les personnes qui ne peuvent pas se déplacer pour effectuer les tests. Un hôtel de protection des proches accueille les personnes qui ne peuvent pas se confiner à leur domicile. L'hôtel le Clipper situé au Gosier reçoit actuellement les malades du covid19 qui se trouvent dans ce cas de figure.  

 

Suivi sanitaire, règlementation et angoisses

Pendant le confinement, la plateforme était sollicitée surtout pour des questions en lien avec la maladie. Les particuliers s'interrogeaient sur leurs symptômes potentiellement évocateurs du nouveau coronavirus et sur les démarches à suivre. Les professionnels, ceux de la première et de la deuxième ligne, partageaient leurs interrogations au sujet du risque de contamination et par rapport à la disponibilité du matériel de protection. Des appels souvent empreints d'angoisse et de douleur.  Le confinement a en effet été une grande source d'inquiétude pour bon nombre de personnes.

Aussi, Riposte s'est là encore adaptée, proposant la mise en relation avec des psychologues. Un partenariat a été conclu avec la CUMP, la cellule d'urgence médico-psychologique de Guadeloupe. Le personnel de la plateforme, exposé, a lui aussi été pris en charge. Chaque jour, les membres de l'équipe pouvaient faire un débriefing avec les psychologues et revenir sur les appels qui les avaient le plus affectés dans la journée.

Depuis la sortie du confinement, l'objet des appels est différent. Parmi les sujets qui reviennent le plus fréquemment, on trouve les questions sur les voyages précise Trecy Damblade, l'une des opératrices qui a rejoint la plateforme en juillet dernier. 

 Les gens sont préoccupés par le risque encouru en cas de contamination. Seront-ils bloqués en France Hexagonale ou à l'étranger ? Ils s'interrogent également sur la flexibilité des compagnies aériennes en cas de contamination ou sur l'évolution de la réglementation en matière de quarantaine ou de septaine. La question du dépistage est sur toutes les lèvres: où et quand se faire dépister?

L'équipe délivre les informations, les règles en vigueur, la liste des démarches à faire, des professionnels à contacter et des lieux de prélèvement où se rendre.

 

 

 

La cellule "Contact tracing"

Face à l'augmentation du nombre de cas positifs ces deux dernières semaines et l'afflux de demandes de dépistage, ce jeudi 06 août, l'ARS a lancé une grande campagne de dépistage en Guadeloupe intitulée "Tester-tracer-isoler". Celle-ci doit permettre le dépistage du plus grand nombre pendant le mois d'août.  

 Au sein de Riposte, une cellule nommée «Contact Tracing» permet d'identifier les malades et les cas contact. Elle est composée d'une infirmière et d'un médecin. Dans la pièce dédiée à cette mission, leurs deux bureaux sont en vis-à-vis. Le médecin appelle les cas positifs tandis que l'infirmière s'enquiert des cas contact. Anne Ganache est infirmière au sein de cette cellule. Elle explique que leur mission consiste à vérifier que ces personnes respectent bien l'isolement, à les informer sur les différents tests à effectuer et à assurer un suivi régulier afin de détecter l'apparition ou l'aggravation d'éventuels symptômes.

 

 

Pour le Dr Pauline Kangambega, l'objectif est de protéger la population en vérifiant que l'isolement soit bien respecté mais il s'agit d'accompagner ces malades qui se retrouvent livrés à une épreuve tant physique que psychologique.

Chaque jour, un point est organisé en visioconférence avec la CGSS partenaire dans l'identification et le suivi des malades du covid19 et des cas contact.

 

 

 

Adapter les stratégies

Sur le plan technique, la plateforme Riposte a également évolué depuis le début de l'épidémie. Le personnel a développé des applications qui permettent, par le biais des statistiques d'identifier certaines problématiques. Ainsi,grâce aux informations fournies par les appels, ils peuvent adapter leurs stratégies.

Cianko Gustave travaille sur le développement de ces outils techniques. Selon lui, ces derniers ont permis de constater les difficultés que rencontrait la population pour obtenir des rendez-vous afin d'effectuer les tests et ont pu, par conséquent contribuer à organiser les opérations de dépistage gratuit.

Par ailleurs, ces outils facilitent le tracing des cas, le repérage de cluster et la limitation de son impact.

Depuis l'apparition de ce regroupement de cas en Guadeloupe, le nombre d'appels a augmenté à Riposte. La plateforme poursuit son travail mais elle manque d'infirmiers. La directrice Marlène Cieslik lance d'ailleurs un appel aux soignants qui souhaiteraient les rejoindre.

 


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