"Despotisme", "autoritarisme", "tyrannie"... Des enseignants dézinguent la présidence de l'UA
Regroupés autour d'un mémorandum intitulé « Pour un retour à la sérénité et à un fonctionnement apaisé au sein de l'université des Antilles », des enseignants-chercheurs des pôles Guadeloupe et Martinique dénoncent un climat délétère et des pressions au sein de la gouvernance de l'UA. Ils ont rassemblé la presse ce matin, preuve à l'appui, pour alerter sur la situation.
"Trop c'est trop", c'est en somme ce qui ressort de cette conférence de presse tenue simultanément ce jeudi sur les pôles Guadeloupe et Martinique de l'université des Antilles.
Après la mise en ligne du mémorandum « Pour un retour à la sérénité et à un fonctionnement apaisé au sein de l'université des Antilles », les porteurs de cette initiative ont voulu expliquer leur démarche.
Autour de 24 fiches thématiques, ils ont rassemblé toutes les problématiques relevées au sein du fonctionnement de l'instance. Abus de pouvoir, pressions, absence de cadres administratifs dans l'organigramme, rédactions de statuts sans l'accord des unités concernées, recrutements par des jurys non-compétents... La liste est longue et elle a été établie grâce aux témoignages des collègues qui continuent d'affluer dans ce document ouvert et amendable qui compte déjà plus de 150 pages. "On s'est rendus compte que toutes les composantes avaient des problèmes équivalents", témoigne Laurence Romana, directrice du département ingénierie de l'UA et l'une des porte-paroles de cette initiative.
Intervention ministérielle
Comme souvent, c'est l'acte de trop qui a été à l'origine de ce mouvement. Suite à une sanction administrative infligée à une agente de la faculté des sciences exactes et naturelles, qui avait suivi les ordres de son doyen dans un conflit avec la gouvernance, les enseignants-chercheurs sont montés au créneau et ont commencé à recueillir les témoignages d'autres collègues et personnels administratifs.
"Les gens n'en pouvaient plus, c'est la goutte qui a fait déborder le vase et tout le monde n'attendait que ça", pense Laurence Romana.
S'ils ne réclament pas la démission de l'équipe en place, ceux qui portent ce mémorandum veulent une refonte de l'organisation. Ils ont déjà recueilli plus de 80 signatures, soit près de 20% du corps des enseignants-chercheurs de l'UA. "Cette méthode de gouvernance est anti-démocratique et nous demandons à ce que cela cesse. Ce n'est pas normal de ramener une institution universitaire à ce niveau de despotisme et d'autoritarisme", accuse Jean-Pierre Sainton, enseignant d'histoire qui a également accusé la présidence actuelle de "tyrannie" lors de la conférence de presse.
Une intervention ministérielle est également demandée, dans la foulée de l'enquête parlementaire menée sur l'UA. "Nous attendons que la communauté universitaire fasse entendre sa voix et comme un certain nombre de dysfonctionnement a été affiché, nous souhaitons que les autorités de tutelle envisagent une mission d'aide, de médiation, pour permettre qu'un certain nombre de choses soient renormées", poursuit M. Sainton.
Le mémorandum a été envoyé aux ministères de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, des Outre-Mer, au rectorat, aux parlementaires et est disponible sur internet.