La Soufrière de Guadeloupe : une potentielle source d’énergie
La Soufrière de Guadeloupe peut-elle produire de l’énergie ? Une étude est menée depuis plusieurs années par un industriel en ce sens. L’objectif serait de produire de l’électricité à l’exemple de l’usine de Bouillante. Toutefois, ce projet potentiel interpelle un collectif de citoyens.
Faut-il s’inquiéter des velléités de certains industriels autour du potentiel énergétique du volcan local ?
Certains s’interrogent à propos d’un projet d’exploitation du massif de la Soufrière. Un groupe de citoyens a monté un collectif nommé « vigilance-Soufrière ». Ce collectif a publié son premier communiqué intitulé « La Soufrière AWA » le mois dernier. Dans ce texte, il fait part de son inquiétude concernant une étude menée en Guadeloupe. L’idée serait d’exploiter les richesses du sous-sol guadeloupéen pour produire de l’électricité. Une énergie verte et sans déchets.
Le collectif ne s’oppose pas à l’idée d’une autonomie énergétique de l’archipel, toutefois, il dénonce « une tentative d’agression envers la Vieille Dame. » Mais ce qui cristallise leur inquiétude est l’idée du montage d’un projet qui exclurait les guadeloupéens au bénéfice d’une entreprise étrangère. Le collectif rappelle ainsi le cas de Géothermie Bouillante rachetée en 2016 par le groupe américain, ORMAT.
Le collectif « vigilance-Soufrière » demande donc à toutes les autorités engagées dans ce dossier de communiquer tous les documents rattachés. Ils souhaitent également pouvoir être associé aux travaux d’expertises menées actuellement.
Dominique Virassamy, membre du collectif « vigilance-Soufrière » :
La géothermie sur les flancs de montagne n’a rien de nouveau. Il existe plusieurs exemples dans le monde comme à Hawaï ou en Indonésie. Des entreprises exploitent les volcans pour produire de l’électricité, en maîtrisant les risques.
A ce jour, en Guadeloupe on ne parle pas encore de projet. Il s’agit pour l’heure d’une étude de faisabilité.
Plusieurs personnalités scientifiques ont été sollicitées. C’est le cas de Christian Anténor-Habazac, ingénieur. L’ancien patron de l'observatoire volcanologique et sismologique de la Guadeloupe a réagi à cette polémique naissante par le biais d’un communiqué. Il dit avoir été contacté par les industriels il y a plusieurs mois, compte tenu de son passé professionnel.
L’expert se dit enthousiasmé par cette étude et ce projet qui s’il voit le jour, doit permettre l’exploitation des richesses de notre sous-sol pour produire de l’électricité propre, non d’origine nucléaire et non produite à partir d’hydrocarbure.
Selon lui, l’idée représente un véritable intérêt pour la Guadeloupe à plus d’un titre : une énergie propre s’accompagnant d’une baisse des pollutions produites contrairement à la fabrication d’électricité à base de matières d’origines fossiles, mais aussi la diminution d’importation de ces mêmes matières.
Pour Christian Anténor Abazac, il est maintenant du ressort des élus, de faire en sorte que la Guadeloupe bénéficie des retombées.
Christian Anténor-Habazac :
On est encore loin d’un projet de géothermie à La Soufrière car une procédure longue doit d’abord être engagée. Elle est pour l’instant à la phase d’étude. Une commission de suivi se réunit d’ailleurs régulièrement ces dernières années pour faire le point sur cette affaire. Ainsi, plusieurs organismes ont été sollicités afin d’émettre un avis. C’est le cas notamment du BRGM (le Bureau de Recherche Géologiques et minières). Un avis qui n’est pas public.
Quant à la Région Guadeloupe, elle a émis un avis, défavorable sur ce projet. Le collectif « vigilance-Soufrière » lui, dit vouloir suivre avec attention l’évolution de ce dossier dans les mois et les années à venir. L’objectif est d’informer la population, protéger le patrimoine guadeloupéen, et surtout ne pas voir la richesse du territoire livrée aux mains d’une entreprise étrangère comme à Bouillante.