Un syndicat de magistrats déplore un manque d'Ultramarins en Outre-Mer
Dans une tribune récente, le président de l'Union Syndicale des Magistrats (USM), Ludovic Friat s'appuie sur son expérience personnelle, lui qui a exercé plus de 20 ans dans le Pacifique, pour regretter le manque d'Ultramarins à des postes de magistrats dans nos tribunaux.
"La justice doit ressembler au pays (d’outre-mer) dans lequel elle est rendue !", c'est l'appel lancé par le président de l'USM, principal syndicat de la profession, dans une tribune sur le site actu-juridique.fr. Originaire de Nouvelle-Calédonie, Ludovic Friat s'inspire de son constat dressé dans le Pacifique et suggère dans ce texte de renforcer la diversité pour gagner en compréhension, en légitimité et en efficacité. Il a précisé sa position au micro de RCI.
La justice est encore très majoritairement rendue par des gens venus de l'hexagone et ça pose des difficultés en terme de représentativité et de compréhension.
Pour le président de l'USM et vice-président au tribunal de Bobigny, cette situation peut conduire à des incompréhensions.
Nos concitoyens ultramarins peuvent avoir le sentiment que la justice est rendue par des gens qui ne sont pas du cru et qui n'ont peut-être pas les clés culturelles pour comprendre.
Par ailleurs, ce dernier pointe des difficultés d'adaptation qui se posent également pour certains magistrats.
Il faut un temps d'adaptation qui parfois est court, parfois est long, parfois n'arrive jamais, pour comprendre que les fonctionnements ultramarins ne sont pas nécessairement ceux de la métropole.
Pour améliorer la situation, il lance d'abord un appel aux étudiants en droit issus d'Outre-Mer à considérer une carrière dans la magistrature, notamment via les classes préparations talents. Il encourage aussi nos ressortissants à profiter en ce moment du recrutement d'attachés de justice et de magistrats à titre temporaire qui permettent des passerelles vers la magistrature, mais incite surtout les autorités à faciliter les mobilités.
Il faut que les ultramarins se sortent de l'idée que la magistrature c'est trop dur et ce n'est pas pour eux. C'est pas vrai. Les pépites sont aussi en Outre-Mer.
Ludovic Friat ne plaide pas pour une solution radicale, mais pour un système mixte associant des magistrats hexagonaux et des ultramarins, ces derniers étant précieux dans les tribunaux locaux.
Ce sont des passeurs de culture, car ils peuvent expliquer lors des délibérés comment les gens ont réagi. Et ce sont des passeurs de justice parce qu'ils sont, j'imagine, un objet de fierté pour les gens de la communauté et puis cela va les rassurer car ils vont se dire que leur parole sera peut-être mieux comprise. Dans l'intérêt d'une bonne justice, je crois qu'il faut à la fois des métropolitains et des ultramarins.
Enfin, le président de l'USM justifie ce besoin de mobilité dans les deux sens pour permettre d'enrichir l'expérience judiciaire et les compétences.
Il faut assurer à nos collègues ultramarins qu'ils seront formés comme les autres et qu'ils pourront exercer à la fois dans leur pays mais aussi en métropole, car je crois que cette alternance est nécessaire, car on peut avoir tendance à s'enfermer dans des pratiques qu'il faut savoir réinterroger.
Dans le cadre actuel de la modification de la loi organique qui porte une réforme du statut de la magistrature, le président de l'USM espère inciter les ultramarins à s'engager dans cette voie, car la volonté de l'exécutif est d'augmenter les effectifs. Pour Ludovic Friat, il y a là une opportunité d'améliorer la représentativité des personnes originaires de nos territoires dans nos tribunaux.
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