À la découverte du « Peuple Volcan », les 1ers agriculteurs du Nord de la Martinique

Qui sont les premiers hommes qui ont peuplé la Martinique ? Un colloque d’archéologie est revenu lundi et mardi (11 et 12 décembre) sur les découvertes réalisées sur « le peuple volcan » : ces premiers agriculteurs qui ont vécu dans le nord atlantique de l’île.

Après 5 années de recherches, Benoit Berard, professeur d’archéologie précolombienne en a présenté les résultats au Marigot. Dans les locaux de Cap Nord, une trentaine de scientifiques et de professionnels étaient en effet réunis pour parler du « peuple volcan » et des avancées scientifiques qui ont été réalisées à son sujet.

Invité du journal de 13h ce dimanche 10 décembre, Benoit Berard a livré quelques détails sur ces premiers habitants.

Ces premiers agriculteurs sont des gens qui vont quitter les côtes du Vénézuéla et venir pénétrer dans l’archipel antillais, depuis le continent jusqu’à l’île de Puerto-Rico dans un premier temps. Ils introduisent en Martinique un nouveau mode de vie basé sur la céramique, la sédentarité, l’agriculture dans une île quasiment vide d’hommes. On est vers la fin du 1er siècle avant Jésus-Christ. Ils auraient pu aller n’importe où mais ils se concentrent dans cet espace-là. Il y a plusieurs facteurs. Des facteurs car on voit souvent le volcan comme un risque mais c’est aussi des terres agricoles très fertiles, des hauteurs qui assurent des ressources en eau pérennes, des roches que ces hommes vont utiliser car ils n’ont pas de métaux. La phase que nous étudions va jusqu’en 400 après Jésus-Christ. Une éruption de la Montagne Pelée vient clore cette phase et ces gens vont commencer à installer d’autres villages ailleurs, se disperser dans l’île, même s’ils vont revenir très vite 

La Martinique héberge 19 sites d’archéologie de cette époque précolombienne. Il s’agit d’une concentration exceptionnelle pour comprendre les habitudes agricoles, artisanales, ou encore culturelles de ces premiers hommes sédentarisés en Martinique, sur les flancs de la Montagne Pelée.

Découverte d'un jardin précolombien

Des travaux de paléobotaniques ont également été menés pour en savoir davantage sur le rapport de ces hommes avec la ressource en bois. À cette occasion, l’équipe a découvert un jardin précolombien.

On a fouillé un tout petit bout de jardin, 50 mètres carrés. Les fouilles ont été dirigées par mon collègue Matthieu Ecrabet, archéologue territorial à la collectivité Cap Nord. L’éruption volcanique de 400 après Jésus-Christ a scellé un jardin pré-colombien. On a, à la fois, des systèmes qui ressemblent à des systèmes de billons et de sillons, puis des fosses de cultures. On retrouve aussi des croisements qui marquent les racines d’arbres. On a aussi fait des prélèvements de charbon et de pollen ancien et d’autres éléments liés aux plantez. Et on a, avec tout ça, les débuts d’un jardin précolombien avec les espèces qui poussent

En parallèle du programme de recherche martiniquais, un autre a été mené avec l’université de Harvard et avait pour objet de prélever de l’ADN ancien sur 29 squelettes précolombiens.

Cela nous raconte des histoires sur la migration de ces populations dans l’archipel. Mais cela va bien au-delà. On commence à avoir des informations sur les systèmes de parenté : Qui se marie avec qui ? Quels sont les degrés de proximité génétique entre les gens ? Cela nous donne aussi des informations sur la taille des populations, sur les possibles croisements entre ces deux flux migratoires à l’origine du peuplement précolombien des Antilles. Un très ancien dont nous avons très peu d’informations et ces premiers agriculteurs que nous étudions