Un ménage sur huit vit sous le seuil de pauvreté en Martinique
Le seuil de pauvreté pour une personne seule est évalué à moins de 1150 euros par mois. L’INSEE et la DEETS publient une enquête sur la pauvreté des ménages en Martinique qui bouscule les idées reçues.
L’INSEE et la DEETS ont présenté, ce jeudi matin (11 décembre), à Fort-de-France, les résultats d’une enquête sur la pauvreté des ménages en Martinique.
S’appuyant sur des données récoltées ces dernières années, l’enquête démontre que ce sont les revenus d’activité qui ont le plus contribué à réduire le risque de pauvreté sur notre territoire, bien plus que les minima sociaux.
Des chiffres qui tordent le cou à plusieurs idées reçues.
Selon les données publiées aujourd’hui, si près d’un tiers du revenu des ménages pauvres provient des prestations sociales, un sur huit vit sous le seuil de pauvreté, évalué à moins de 1150 euros par mois.
Une situation qui touche tout particulièrement des familles monoparentales avec à leur tête des femmes âgées de 50 ans et plus.
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Calcul du niveau de vie
Pierre-Emile Bidoux, chef de la division action régionale, explique comment est calculé le niveau de vie d’un ménage.
Être pauvre monétairement, c'est vivre sous un seuil de pauvreté qui est calculé au niveau national. C'est un calcul un peu complexe qui prend à la fois toute la distribution des niveaux de vie de la population et la composition des ménages. Pour calculer votre niveau de vie, on va prendre vos revenus déclarés, ceux peut-être de votre campagne, mais gagner 2 000 euros tout seul, ce n'est pas la même chose que gagner 2 000 euros avec une famille de quatre. Donc, on ramène ça à ce qu'on appelle des unités de consommation. En gros, on retire les impôts que vous payez éventuellement et puis on rajoute toute la redistribution qu'il y a derrière. Et ça, ça donne le niveau de vie d'un ménage. Le seuil de pauvreté, c'est 1 150 euros par mois pour une personne seule. Si vous gagnez moins, vous êtes considéré en situation de pauvreté monétaire.
Aide alimentaire
La pauvreté monétaire impacte les besoins en aide alimentaire, comme l’explique Véronique Rémir, responsable du service études statistiques évaluations à la DEETS Martinique.
Ce sont principalement des femmes (58 %) qui sont concernées par des besoins en aide alimentaire. Ce sont principalement des personnes en âge de travailler, entre 35 et 64 ans. Elles ont au minimum 1 200 euros pour vivre. Elles consacrent à peu près moins de 200 euros pour se nourrir. C'est la raison pour laquelle, à la DEETS, on a décidé de faire cette enquête. On a un pôle solidarité qui s'occupe notamment de l'inclusion sociale, où ils font la partie coordination et coopération des structures et des acteurs. On a quand même 73 opérateurs habilités sur le territoire qui font de l'aide alimentaire à l'heure d'aujourd'hui.
Monoparentalité et temps de travail limité
La monoparentalité comme un temps de travail limité contribueraient à l’augmentation du taux de pauvreté en Martinique. Les précisions de Pierre-Emile Bidoux.
En Martinique, la monoparentalité est très prégnante. Donc, potentiellement, vous n'avez qu'une seule source de revenus de votre travail. En étant une personne seule à la tête d'une famille monoparentale, vous augmentez votre probabilité de vous situer sous le seuil de pauvreté monétaire et donc d'être considéré en situation de pauvreté monétaire. La monoparentalité explique une certaine part du taux de pauvreté élevé en Martinique. L’autre explication, c'est le temps de travail. Les gens peuvent travailler, mais ils n'effectuent pas un nombre d'heures suffisant. C'est ce qu'on va appeler le sous-emploi. Ils aimeraient travailler plus, mais ils ne sont pas dans la capacité de le faire. Donc ça, ça agit aussi évidemment sur vos revenus et sur le fait que vous soyez en dessous du seuil de pauvreté monétaire.
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