Tuerie du Carbet de 1948 : une cérémonie de commémoration au quartier Lajus
Il y a soixante-quatorze ans, au Carbet, sur l'habitation Lajus, des ouvriers en grève depuis quatre jours, sont invités à récupérer leurs soldes par le propriétaire Jacques Bally. Alors qu'ils quittent les lieux pour rejoindre le bourg, le mouvement est réprimé dans le sang. Bilan: trois ouvriers tués et deux blessés. Samedi matin, une marche était organisée avant le dévoilement d'une stèle en mémoire des victimes.
C'est une époque où la Confédération Général du Travail gonfle ses rangs dans les plantations. Elle exige l'amélioration des conditions de travail déplorables des ouvriers agricoles, qui sont alors près de 41500, en Martinique.
Le 2 mars 1948, en pleine campagne de coupe de la cannes à sucre, les ouvriers agricoles, de la plus importante usine-sucrerie du Nord-Caraïbe, demandent l'application des conventions de l'année précédente et réclament des augmentations de salaires. Une révolte qui ne reçoit pas un accueil favorable du propriétaire de l'usine et des terres, Jacques Bally.
Cependant, alors que les ouvriers débutent une grève, ce-dernier les invite à venir récupérer le montant réclamé pour le mois de janvier.
Après concertation avec la CGT, par crainte d'un piège, les ouvriers décident de récupérer leur argent mais en prenant la direction du bourg, le soir du 4 mars, ils croisent un véhicule de gendarmes et le drame se produit.
La fusillade fait trois morts et deux blessés. Les frères Henri et André Jacques ainsi que Mathurin Dalin sont tués par les forces de l'ordre.
Si la presse généraliste reste silencieuse, "Justice", l'organe de presse du Parti Communiste Martiniquais dénonce "une répression sanglante des forces coloniales". Il met notamment en cause de préfet de l'époque, Pierre Trouillé, accusé d'avoir autorisé cette tuerie.
Les journaliste ayant signé le papier sont alors condamnés à six mois de prison et le journal à 100000 francs d'amende.
L'évènement suscite la consternation de la population martiniquaise mais reste pourtant, durant près de cinquante ans, peu abordé et peu connu.
Désormais cette épisode sombre est devenue un symbole de l'histoire du Nord Caraïbes.
Samedi matin, une marche symbolique était organisée, au Carbet. Au départ de la crèche municipale de la commune, des élus, membres des familles touchées par ces crimes et divers citoyens martiniquais, ont pris la direction de l'habitation Lajus, où une stèle en mémoire des victimes de cette tuerie a été dévoilées.
Un moment fort comme l'explique Jean-Claude Ecanville, le maire du Carbet:
Il faut se nourrir de cette histoire pour pouvoir passer à autre chose, avancer sans garder la haine de l'autre et aller vers un avenir plus serein.
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