[SÉRIE 2/5] 20 ans après le crash de la West Caribbean : les hibiscus de maman
Le 16 août 2005, la Martinique sombre dans l'effroi. 152 passagers martiniquais et 8 membres d'équipage colombiens meurent dans le crash d'un charter opéré par la West Caribbean. 20 ans après, le souvenir des disparus est toujours vif. Durant cette semaine, nous donnons la parole à leurs proches.
Il est 1 heure du matin en Martinique ce 16 août 2005 lorsque le vol 708 de la West Caribbean explose au sol après une chute de 10 000 mètres. Dans les heures qui suivent l'île est d'abord frappée de sidération puis plonge dans un long deuil collectif.
Des familles entières sont décimées par le crash de ce vol qui ramenait 152 Martiniquais d'un séjour de vacances au Panama.
Depuis les hommages se succèdent. À Saint-Joseph, une fresque mémorielle a été érigée, une plaque commémorative a été installée à Fort-de-France et un mémorial au cimetière du Père Lachaise à Paris.
Devant la justice, les familles ont fait face à trois non-lieu. Aucun procès n'a été organisé et les pilotes ont été tenus responsables de l'accident tandis que la responsabilité de la compagnie aérienne n'a pas fait l'objet d'une reconnaissance officielle.
20 ans après, les foyers martiniquais gardent un vif et douloureux souvenir de cet accident. Le deuil qui les habite est toujours présent.
En amont du triste 20e anniversaire de cette catastrophe, la rédaction de RCI a décidé de leur donner la parole dans une série spéciale de 5 épisodes.
Ce voyage était un cadeau
Pendant 20 ans, Alain Claude Lagier n'a pas souhaité s'exprimer publiquement sur ce drame. La mémoire de sa mère, disparue dans le crash, il l’honore dans un jardin. Avec ses deux frères, ils entretiennent avec soin ses hibiscus adorés. Elle arborait régulièrement ses coiffures de cette fleur rouge, si remarquable.
On a veillé à ne pas les couper, de ne pas faire disparaître des plantes, des fleurs qu'elle avait. Une fleur qu'elle aimait particulièrement, qui la symbolisait, c'était l'hibiscus, simplement. Il y en a toujours dans son jardin. On tient à ce qu'ils restent encore pour longtemps
Malgré ces gestes de mémoire, le deuil d'Alain Claude Lagier n'a pas été un long fleuve tranquille. D'autant plus que ce voyage au Panama était un cadeau qu'il avait offert à sa mère avec ses proches. Un cadeau pour célébrer son départ à la retraite.
Alain Claude Lagier devait d'ailleurs participer au séjour. Il a annulé une semaine avant.
Nous avons choisi ce voyage avec sa cousine, notamment, et son frère. On lui a offert ça avec un bon cadeau. On était très content, très heureux de lui offrir ça puisqu'elle était déjà, effectivement, à la retraite et donc, pour qu'elle puisse passer un bon moment avec les siens
Cette disparition brutale, dans des circonstances exceptionnelles forge un deuil forcément particulier, où le doute subsiste.
C'est vrai qu'il y a des images qui reviennent où vous imaginez, en l'occurrence les parents, les amis, en train de revenir comme ça. Vous créez une image où ils reviennent et puis finalement, qu'ils avaient été sauvés, puis ils reviennent et on imagine ça et ça reste dans la tête. Ça ne part pas complètement, puisque même 20 ans plus tard, lorsque vous rencontrez quelqu'un qui ressemble à l'un d'entre eux, vous avez un doute pendant un moment
Pour Alain Claude Lagier, marquer ce 20e anniversaire est important. Pour lui mais aussi pour ses filles qui n'étaient pas nées au moment du crash. Le père de famille s'attache à leur transmettre le souvenir d'une grand-mère qu'elles n'ont pas connue.
Ecoutez Le témoignage d'Alain Claude Lagier au micro d'Erika Govindoorazoo
Série spéciale
Chaque matin retrouvez l'extrait de l'entretien du jour dans le journal de 7 heures puis un sujet long format dans le journal de 13 heures.
Épisode 1 – Simone Joachim Arnaud, la vie avec l’absence (lundi 11 août 2025)
Vingt ans après avoir perdu neuf proches, dont son fils, Simone a créé un monde rien qu’à elle pour continuer à lui parler chaque jour, un monde que personne ne peut lui voler. Un témoignage bouleversant sur l’amour qui traverse le temps.
Épisode 2 – Alain-Claude Lagier, les hibiscus de maman
Alain-Claude et ses deux frères avaient offert un voyage au Panama à leur mère. Elle ne reviendra jamais. Aujourd’hui, ce sont les fleurs de son jardin qui portent sa mémoire.
Épisode 3 – Clarisse, orpheline à 16 ans
Elle a perdu ses deux parents dans le crash. Aujourd’hui elle arrive au terme de sa quatrième grossesse et elle redoute que la date fatidique du 16 août s’invite dans sa maternité.
Épisode 4 – 20 ans de combat judiciaire
Trois non-lieux. Pas de procès. Mais l’AVCA et ses avocats refusent d’abandonner. Direction la Cour européenne des droits de l’homme pour prouver que leurs droits ont été bafoués.
Épisode 5 – Guérir, même après 20 ans
Pour le Dr Alex Bottius, psychiatre, il n’est jamais trop tard pour demander de l’aide. Parce que la douleur peut s’alléger, et la vie reprendre.
Exposition et conférence
Tout le mois d'août, une exposition à l'initiative de l'AVAC, consacrée aux 20 ans du crash de Maracaïbo, est visible à la bibliothèque Schoelcher à Fort-de-France. De plus, le vendredi 15 août à 17 heures à la médiathèque du Lamentin, un expert en aéronautique tient une conférence ouverte au public sur les circonstances de ce tragique accident.
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