Pour la première fois, une femme est à la tête de l’État-Major Interarmées
Le Colonel Marie-Hélène était l'invitée du Mag de 13 heures, aujourd'hui, jeudi 18 août.
Arrivée le 18 juillet dernier, pour une prise de fonction officielle le 24 juillet, le Colonel Marie-Hélène succède ainsi au Colonel Hugues pour coordonner les actions des armées de l’air et de terre.
Elle cumule des expériences sur le terrain, comme lors de l’opération Barkhane, au Mali, mais aussi au cœur des instances décisionnelles, notamment sur le site Balard, à Paris, qui regroupe les états-majors des Forces armées françaises.
Invitée du Mag de 13 heures, le colonel est revenue auprès d'Adeline Courson sur les éléments marquants de son parcours, ses attentes à ce nouveau poste, et la féminisation des armées.
La fonction
L'intitulé du poste est très exactement "chef d'état-major interarmées des forces armées aux Antilles". Le Colonel Marie-Hélène coordonne ainsi l'ensemble de l'état-major interarmées, 80 personnes, militaires et civiles, pour qu'elles puissent accomplir les missions confiées par l'amiral aux commandes de l'ensemble des forces militaires sur les Antilles.
Les forces armées aux Antilles peuvent réagir face à certaines menaces et situations. En cas de catastrophes naturelles, nos moyens peuvent permettre d'aider la population. Il y a aussi une participation, dans un cadre interministériel, aux actions de lutte contre le narcotrafic, sous la coupe du préfet. Il y a aussi une interaction forte avec la jeunesse, avec l'organisation des journées de citoyenneté et de défense.
Une différence majeure avec une affectation à Balard, centre névralgique de l’État-major, "où les enjeux sont plus politiques" : en effet, en Martinique, "on se retrouve à un niveau opératif où on doit être en permanence prêt à faire face à une crise".
C'est ce qui me plaît dans ce poste, être au contact d'une équipe qui mène des actions concrètes pour lesquelles on voit des résultats rapidement. J'ai un parcours qui m'a préparé à assumer ces responsabilités puisque j'ai travaillé dans des unités opérationnelles et en état-major, sans compter mon parcours en opération, que ce soit à Barkhane ou au Tadjikistan. Ça m'a permis d'avoir une vision globale des problématiques de défense.
À cela, s'ajoute une nature insulaire en commun avec les Martiniquais, puisque ce nouveau chef d'état major interarmées est Corse.
Le parcours
Fascinée depuis toujours par le monde militaire, notamment "le côté technique et moderne que reflètent les armées", c'est tout naturellement que Marie-Hélène se dirige vers l'armée de l'air.
J'ai trouvé de quoi m'épanouir sur des postes en unités où j'ai pu diriger des équipes de plus en plus importantes, avec des problématiques liées à la maintenance de matériel de plus en plus complexes. L'avantage des armées, c'est qu'on est en formation en permanence. Donc c'est petit à petit qu'on grandit, et je trouve que c'est un parcours vraiment très enrichissant.
Le Colonel Marie-Hélène est la première femme à obtenir ce poste de chef d'état-major interarmées des forces armées aux Antilles. "Valorisant, mais pas exceptionnel" selon la principale concernée, qui assure que la féminisation des armées est en marche depuis longtemps, et que "d'autres suivent".
L'exemple à la Martinique est d'ailleurs particulièrement rafraîchissant : le RSMA est commandé par une jeune colonel, la grande chef du Service de santé des armées est aussi une femme. Au niveau de la DIRISI (Direction interarmées des réseaux d'infrastructure et des systèmes d'information), là encore, c'est une jeune femme qui dirige. Vous avez le pôle aéronautique étatique qui est également commandé par une jeune femme de l'armée de l'air. On a une population qui est le reflet de la société.
Un message pour les jeunes qui veulent s'engager
Je pense que tout jeune, femme ou homme, qui adhère à certaines valeurs et veut se sentir utile pour son pays, peut trouver sa place au sein des armées et s'épanouir. Toutes les portes et toutes les spécialités sont ouvertes. On donne une formation et un métier à ces jeunes, qui peuvent ensuite s'épanouir en fonction de leur parcours. Alors je ne cacherai pas que l'on n'a pas systématiquement ce que l'on veut, mais sur les années que j'ai passées dans la défense, je me suis vraiment éclatée à mes postes, j'ai rencontré des gens formidables et appris beaucoup de choses.
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