Le nouvel an amérindien bientôt célébré

Par 27/05/2023 - 07:00

Pour la première fois depuis des siècles, le nouvel an amérindien sera célébré en Martinique. Organisé par l’association Karisko et le Grand Port Maritime de la Martinique, l’évènement aura lieu le 3 juin prochain à 18h, sur la plage de l’Anse à l’Âne aux Trois-Ilets.

    Le nouvel an amérindien bientôt célébré
Lenouvel an amérindien sera célébré en Martinique le 3 juin prochain.

La célébration du nouvel an amérindien fait partie de l’évènement « Merveilles du Ciel Kalinago », qui s’étend du 2 au 3 juin aux Trois-Ilets. A l’occasion, le Cadran Astro-Stellaire, une horloge réalisée par le gnomoniste Yves Guyot., sera inauguré.

Pour Thierry L'Etang, anthropologue prenant part au projet, l’évènement est dans la continuité de la recherche sur la navigation des amérindiens

Depuis une quinzaine d’années, nous nous attelons à recréer les traversées maritimes des Amérindiens. Nous explorons ainsi le ciel car ils pensent que le ciel est une mer

Ainsi, tout au long du week-end, sept intervenants parleront de l’histoire et du fonctionnement des premières nations des Petites Antilles. Ainsi, un chef amérindien de Guyane ou encore un spécialiste de l’histoire des Kalinagos, accompagnés des scientifiques qui travaillent activement sur le projet s'exprimeront.

Une réappropriation du patrimoine

L’enjeu est aussi la réappropriation du patrimoine martiniquais, selon Benoit Berard, professeur universitaire sur le campus de Schoelcher spécialisé en archéologie précolombienne.

L’espace dans lequel on vit, dont le ciel, a été très largement impacté par le processus colonial. Nous vivons tous les jours avec des constellations qui ont été dessinées par un monde occidental, principalement gréco-romain. Ces constellations appartiennent donc à leur imaginaire et leur réalité. Il n’y a jamais eu d’ours aux Antilles, donc il ne peut pas avoir de Grande Ourse dans le ciel des Antilles

 Pour l’archéologue, « se repencher vers le savoir des Amérindiens et le remettre en valeur, c’est le replacer dans l’espace et l’identité antillaise ».

nouvel an améridien.

À la place du sagittaire et de la balance, dans le ciel amérindien se trouvent des serpents, des crâbes sirik, des tortues de mer ou encore des caïmans. Et ce sont ces constellations qui ont guidé les premières nations selon le spécialiste.

Pour les Kalinagos, le ciel servait à la navigation et à s’orienter dans le monde physique et spirituel. Il permettait surtout de marquer le passage à une autre saison et à rythmer les activités

C’est ainsi qu’au passage à la constellation du crabe sirik à 18h, dimanche 3 juin, que le nouvel an Karayib sera célébré, comme le faisait les Kalinagos. Cependant les recherches sur les constellations amérindiennes sont loin d’être terminées, selon Benoit Berard.

Nous savons à quelle partie du ciel appartiennent les constellations décrites, mais nous n’en avons pas les dessins. Nous mobiliserons la population pour ce travail de reconstruction. Je pense qu’il y a œuvre collective d’imagination à faire dans ce cadre

Un effort collectif

Une participation collective à laquelle a pris part Jean-Rémy Villageois, directeur général du Grand Port Maritime de la Martinique, séduit par la cause.

L’association Karisko nous a contactés il y a quelques années et nous avons adhéré tout de suite. Nous soutenons la démarche car nous nous y retrouvons. Nous étions nous-mêmes à la recherche de notre identité et de nos racines

En partenariat avec Karisko, le Grand Port Maritime a mené à bien la construction et l’acheminement d’une grande pirogue amérindienne, aujourd’hui stockée sur le port. Dans la continuité, le Kani’la Lounge a été établie « pour symboliser le démarrage de l’opération », selon le directeur.

Ce sont des éléments qui permettent de nous construire et qui, en même temps, répondent aux questions des voyageurs quand ils arrivent sur l’île sur les origines et le passé de la Martinique

Le tourisme fait donc partie des préoccupations de ce projet commun. Frédérique Dispagne, directrice de l’école de management hôtelier Vatel Martinique et parraine du projet voit, en plus de la dynamique promotion du patrimoine culturel de la Martinique, un besoin de développement du tourisme.

L’intérêt est pour tout à chacun de connaître notre histoire pour promouvoir notre île. Que ce soit pour notre tourisme intérieur comme extérieur. Le premier touriste, c’est le Martiniquais et ce Martiniquais doit connaître son histoire

La directrice souligne également le changement du type de tourisme en Martinique, avec des voyageurs « qui ne viennent pas en vacances uniquement pour à aller à la plage mais qui veulent repartir avec une expérience »

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