Le Lamentin va retirer le buste de Schoelcher de la cour de l'ancienne mairie

Par 28/05/2021 - 13:42 • Mis à jour le 28/05/2021 - 17:34

Le Conseil municipal de la ville du Lamentin s’est réuni hier soir (jeudi 27 mai 2021). Les 39 élus ont voté à l’unanimité, le retrait du buste de Victor Schoelcher de la cour de l’ancien Hôtel de Ville. Cette dépose est prévue le samedi 29 mai à 11h.

    Le Lamentin va retirer le buste de Schoelcher de la cour de l'ancienne mairie

Le groupe "Aksyon Reaksyon" a fait circuler cette semaine un appel à la population. Elle était invitée à participer au retrait de la statue érigée dans la cour de l'ancienne Mairie qui se trouve face à la place Antonio Macéo, pour « faire de la place pour nos héros ».

Après des discussions qui auraient été "cordiales" avec plusieurs groupes, le maire David Zobda et le Conseil municipal ont décidé de prendre les devants et annoncé une dépose officielle prévue aux mêmes date et heure que les militants. L'élu développe les raisons de cette décision et de celles à venir.

Depuis maintenant deux ans notre pays est secoué par une agitation et une contestation qui marquent notre quotidien. Et cette agitation questionne notre désir de faire peuple. Elle répond à la fois à une crise identitaire, mais aussi à la lecture, l'acceptation de notre histoire en tant que telle

C'est dans ce contexte que le conseil aurait souhaité participer au débat actuel et "prendre ses responsabilités". D'autres mesures seront donc prises pour rééquilibrer l'espace public : réduire le nombre des symboles qui ne correspondraient qu'à une partie de notre histoire et mettre davantage en lumière les figures de résistance, soient les "héros et modèles martiniquais, voire caribéens".

Prendre en compte toutes les composantes de l'Histoire

David Zobda se défend de nier le rôle de Victor Schoelcher dans l’abolition de l’esclavage, en enlevant sa statue.

Sa pose en 1947 correspondait à une certaine idée que l'on se faisait de notre histoire et de l'esclavage. À cette époque, toutes les composantes de l'abolition n'étaient pas représentées. La date du 22 mai et les résistances martiniquaises étaient complètement ignorées. Ce jour n'a été férié qu'en 1983. Il faut réécrire et retraduire l'Histoire dans la paix

Pour l'édile, ajouter des statues à celles déjà existantes ne serait pas adapté et il faudrait créer un espace dédié. Une commission serait mise en place pour réfléchir aux noms des rues, places et monuments, avec la participation de chercheurs. 

Pour lui, il est important d'être à l'écoute des militants : "la forme de certaines de leurs actions peut être contestable, mais dans le fond, ils posent un acte majeur politique et social". Il souhaite ouvrir un débat pour, dit-il, se réconcilier avec l'Histoire et construire l'avenir.

Retrouvez l'entretien de David Zobda interrogé par Fanny Marsot :

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