Journée mondiale de l'homme : libérer la parole et lever les tabous pour une nouvelle définition de la masculinité

Par 20/11/2025 - 10:31 • Mis à jour le 20/11/2025 - 10:38

La Journée mondiale des hommes a été célébrée ce mercredi à Fort-de-France, où s’est tenue la troisième édition martiniquaise de cet événement dédié à la santé physique, mentale et sociale des hommes. Une quarantaine de participants se sont présentés dans les jardins du Parc Floral Aimé Césaire.

    Journée mondiale de l'homme : libérer la parole et lever les tabous pour une nouvelle définition de la masculinité

L’événement, organisée par la ville de Fort-de-France, l’APAPAPM, Cyparys, le Cercle d’hommes et Papa pa Génitè, a été placé sous le thème « Homme conscient pour un mieux-être » Au programme : plusieurs cercles de parole exclusivement masculins, un théâtre-forum, ainsi qu’une initiation au fitbèlè. Pour Ulrich Fleural, l’un des organisateurs de cette journée, elle répond à un besoin urgent d’expression et de prise de conscience.

Les hommes martiniquais sont en souffrance et ils sont souvent seuls face à elle  L’idée qui est ressortie du cercle, c’est qu’il faut ouvrir la parole, en finir avec l’idée qu’un homme ne peut pas être vulnérable, parler, extérioriser sa souffrance, pour qu’on soit collectivement dans un chemin d’épanouissement.

Il rappelle que des études montrent qu’un homme sur deux est en situation de solitude, un constat corroboré par des psychologues, qui observent une hausse des comportements violents ou de la mauvaise gestion de la colère liée à ce mal-être silencieux.

Améliorer l’accès au soin

La rencontre a également permis d’aborder des sujets souvent perçus comme tabous, notamment en matière de santé, et plus précisément de dépistage. De nombreuses croyances limitantes empêchent les hommes de se soigner correctement.

Ulrich Fleural souligne par exemple le frein persistant au dépistage du cancer du côlon, en particulier en raison du toucher rectal.

La position d’examen et la pénétration digitale sont mal vécues. Mais en parler permet déjà d’apporter la problématique sur la table et de la traiter.

C’est un exemple parmi d’autres : à travers de nombreux comportements à risque, la santé mentale et physique des hommes reste fragilisée par le silence et parfois, la honte.

Déconstruire

Parmi les participants, Youtika, 29 ans, ressort déterminé.

Ce qui ressort de la discussion, c’est qu’un homme a une posture d’influence sur les autres hommes. Il faut donc des porte-paroles qui inspirent contre les postures problématiques et les faits de violence.

Il appelle à intégrer ces réflexions dès l’école, et insiste sur la "responsabilité partagée de la gente masculine". Pour lui, les problématiques féminines et masculines diffèrent, "mais on pourrait fonctionner dans une complémentarité".

Les "mascus" un phénomène à surveiller

La journée a aussi été l’occasion d’évoquer l’émergence en Martinique des discours dits "masculinistes". Ulrich Fleural met en garde contre ces discours qui pour le moment restent insidieux, mais tout aussi dangereux.

Le masculinisme est présent dans les milieux populaires, mais n’est pas théorisé. Les gars du quartier ne sont pas conscients d’être manipulés par ce discours. Cela se traduit dans les commentaires de publications féministes ou dans les cercles d’hommes où ils s’attaquent à nos productions. C’est une mauvaise chose car cela nous maintient dans une situation de domination et empêche une relation apaisée avec l’autre genre. C’est un fléau à combattre.


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