Jovany Six, rescapé d’un accident de travail, dénonce le silence d’Albioma et l’inaction des autorités

Quatre ans après une violente explosion sur son lieu de travail, Jovany Six vit toujours avec les séquelles physiques et psychologiques de l’accident. Brûlé au visage, aux jambes, au dos et aux bras, ce trentenaire a subi plusieurs greffes et de longs mois de soins. Mais au-delà des blessures, c’est une autre épreuve qui a marqué sa vie : celle d’un combat judiciaire sans fin, face au silence de son employeur, Albioma, et à la lenteur des procédures.

J’ai été convoqué par l’Inspection du travail. L’inspection m’a dit de porter plainte pour toute personne qui a un rapport avec l’accident, ce que j’ai fait, j’ai eu deux plaintes. Personne ne sait me dire qu’est-ce qui se passe, est-ce que ça a avancé, rien

Pendant près d’un an, les démarches piétinent avant qu’une expertise médicale ne soit réalisée. Mais sur le plan judiciaire, Jovany Six n’a toujours aucune réponse.

Un silence qui interroge

En cherchant des explications, il découvre qu’il n’est pas seul. D’autres accidents similaires se seraient produits, notamment en Guadeloupe et à La Réunion, sur des sites de la même entreprise.

En mai, il y a eu un accident aussi à Albioma, à la Réunion, où il y a eu trois blessés, il me semble, avec un brûlé. Ça aussi, ils l’ont caché. Il faut faire beaucoup de recherches pour tomber sur des petits articles, mais ils arrivent à tout camoufler

Il veut combattre cette omerta et faire valoir ces droits même si le contexte est difficile.

À un moment, si on laisse ça continuer comme ça, ils vont penser qu’ils ont tous les droits. Et si ça m’est arrivé, je ne veux pas que ça arrive à quelqu’un d’autre.

Il dénonce également "la lenteur administrative" qui, selon lui, décourage les victimes et entretient l’impunité. Aujourd’hui, Jovany vit avec des douleurs persistantes, des blessures psychologiques profondes et des difficultés financières.