Un climat de violence qui "n’a jamais encore atteint ce niveau-là" en Martinique
Ces dernières 48 heures ont plongé la Martinique dans une tension sociale extrême. Entre incendies, émeutes et affrontements, pour le sociologue André Lucrèce, ces violences sont en partie prévisibles, mais elles atteignent aujourd'hui des proportions jamais vues.
Depuis ce mercredi 9 octobre, les affrontements entre la population et les CRS se multiplient. Elle reflète un climat de tension sociale intense, actuellement en Martinique. Le sociologue André Lucrèce analyse cette situation, qu'il attribue à une érosion des valeurs fondamentales au sein de la société.
Après deux nuits de violences marquant le Nord comme le Sud de l’île, les 34 communes touchées à des degrés divers, par les barrages, les pillages et les incendies volontaires, se sont réveillées profondément meurtries.
Un constat sociologique alarmant
Pour André Lucrèce, écrivain et docteur en sociologie, plusieurs facteurs ont conduit à cette escalade de violence. Il met en lumière des problématiques sociales profondes, qui dépassent la simple question de la pauvreté.
Il ne faut pas réduire cette crise à une question de richesse. C'est aussi une crise générationnelle. Par exemple, 60% des logements en HLM sont occupés par des mères célibataires, ce qui signifie une absence fréquente de figures paternelles, et qui conduit à une socialisation problématique. À cela s’ajoute l’exil de nos jeunes et, bien sûr, la pauvreté. Nous devons examiner ces facteurs dans un contexte social très grave. Il y a déjà eu des morts, et il pourrait y en avoir d’autres. Cela montre que nos valeurs fondamentales ne sont plus respectées.
Des signes avant-coureurs ignorés
Les violences actuelles s’inscrivent dans une continuité d’événements précurseurs. André Lucrèce rappelle qu’au cours de la pandémie, des blocages et d'autres actions de contestation avaient déjà eu lieu. Cependant, l'intensité actuelle est inédite.
Certains signes étaient déjà visibles. Souvenons-nous des blocages aux ronds-points durant la pandémie. Mais jamais nous n'avions atteint un tel niveau de violence. Il est crucial de prendre conscience de la gravité de cette crise sociale, afin d’éviter que de tels soulèvements ne se reproduisent tous les cinq ans.
Les répercussions de cette crise pourraient être durables si aucunes solutions apportées ne répondent aux problématiques de la population locale.
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