Les employés de l'habitation Désirade découvrent que la société a été liquidée par leur employeur

Par 11/02/2025 - 12:37 • Mis à jour le 12/02/2025 - 07:36

Les ouvriers agricoles et la propriétaire des terrains agricoles sont tombés des nues. Ils ont appris que la patron de la société qui exploitait ces terres situées entre le Lamentin et Saint-Joseph a décidé de liquider son entreprise. Sans prévenir personne.

    Les employés de l'habitation Désirade découvrent que la société a été liquidée par leur employeur

Tout a basculé en deux jours pour les ouvriers agricoles de l’habitation la Désirade au Lamentin. Le 27 janvier dernier, ils s’étaient réunis pour réclamer les salaires dûs de décembre 2024, sans se douter de la tournure des évènements.

Le lendemain, il leur a été indiqué qu’une audience au Tribunal judiciaire se tenait le jour même pour une demande d’ouverture de liquidation judiciaire de la société.

Le couperet est tombé, les salariés ont été licenciés à la suite de la liquidation judiciaire. "Une procédure orchestrée, rapide et irrégulière", dénoncent les salariés. Plus d'une vingtaine d'employés se retrouvent du jour au lendemain sans emploi, avec des cotisations retraites qui n’ont pas été par abondées par le chef d'entreprise.

André Cory, Serge Victorin, Xavier Izidé salariés licenciés ont réagi à la nouvelle :

Après 30 ans, tu perds ton emploi, c'est compliqué. Quand tu vas à la Sécurité sociale, 30 ans, 18 ans n'est pas payé, c'est très difficile. Donc ça m'a choqué. J'ai deux enfants, donc c'est très difficile. Je vais rebondir. Je sais que je vais rebondir, mais ces 30 ans-là, je ne vais pas les perdre

J'ai quatre enfants à l'internant. On a voulu mettre mes enfants en dehors par rapport aux difficultés de paiement. Lorsque j'ai été voir le patron pour expliquer mon cas alors que je lui avait écrit par mail avant il m'a répondu qu'il n'en avait rien à foutre de mes enfants. Tout ça, ça m'a vraiment énervé. Il m'a fait comprendre qu'il Il fallait venir le voir pour lui expliquer ça, mais il ne fallait pas parler par message. Je pense qu'il avait peur des écritures

Non, mais il faut que le patron fasse un effort. Je ne veux pas perdre mon ancienneté. Moi, en plus, je travaille dur parce que moi, j'aime ça. Si le patron m'a fait ça, vraiment il n'est pas bon

Non-protection de l'emploi

Certains ont décidé de mener des actions en justice pour comprendre les causes du licenciement et les difficultés économiques de l’exploitation agricole évoquées. Maitre Raphael Constant, avocats de plusieurs ouvriers, réclame des éclaircissements. Il estime que ces clients sont des victimes dans cette affaire :

C'est un scandale d'un patron qui se comporte manifestement de manière irresponsable par rapport à ses obligations de patron parce qu'il ne paie pas de ses salaires, il dépose sans informer les salariés une déclaration de cessation de paiement. C'est un scandale parce qu'il y a un tribunal qui n'écoute pas et qui décide de liquidation sans qu'on sache est-ce que véritablement la société doit être liquidée ou bien elle doit être restructurée. Et en fait, c'est un scandale parce que la solution à cela, parce qu'un patron l'a décidé, c'est de licencier ces gens

L'ancien bâtonnier Raphaël Constant estime qu'il y a un problème de protection de l'emploi :

Il y a un problème extrêmement grave qui nécessite une compréhension parce qu'il n'est pas normal que depuis le début de l'année, il y ait près de 200 licenciements en Martinique et qu'une part d'identité d'entre eux ait été autorisée, organisée par la justice. Il y a un problème de protection de l'emploi dans ce pays. Ce que j'espère, c'est qu'il y ait au moins le procureur de la République qui peut déclencher une enquête sur véritablement, est-ce que la société en redressement ? Les salariés ne peuvent pas faire appel du jugement de liquidation. La seule chose que nous avons comme option, c'est de saisir le Conseil des prud'hommes pour contester le caractère économique du licenciement et demander des dommages intérêts

Une propriétaire désabusée

La propriétaire du terrain a découvert la situation actuelle de la société. Elle pointe du doigt les dettes du locataire entend prendre les dispositions nécessaires pour récupérer son bien :

Je n'ai pas été informée de la liquidation de la société qu'exploite monsieur Plissonneau. Mes loyers n'ont pas été payés, les taxes foncières n'ont pas été payées. Il y a donc un manque de transparence et j'ai appris ça par ailleurs, donc je suis venue pour savoir ce qu'il en est. Je pense prendre contact avec le liquidateur pour voir comment je peux récupérer aussi et être dédommagée des pertes, parce que ça fait plusieurs mois de loyers que nous n'avons pas reçu aussi. Nous avons essayé de récupérer notre bail rural qui est arrivé à expiration. Nous l'avons dénoncé dans les délais, mais il n'a pas voulu nous le remettre. C'est très compliqué. Son oncle était notaire et ils ont organisé bien tout cela. Mon fils est jeune agriculteur, il voulait reprendre l'exploitation et ça n'a pas été possible jusqu'à maintenant. Mes enfants et moi, nous sommes très affectés par la situation. C'est l'avenir de nos enfants qui est en jeu. Nous avons une exploitation laissée par nos parents et nous ne pouvons pas en jouir. Nous sommes lésés par cette cette personne sur beaucoup de plans

Malgré nos tentatives, Thierry Plissonneau, le gérant de la société agricole, n'a pas pu être joint.


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