Une convention pour améliorer la prise en charge du deuil périnatal en Martinique

Par 16/10/2025 - 06:00

Chaque année, une centaine de familles sont touchées par la perte d’un bébé. Le CHUM et l’association Zétwal An Syèl ont renforcé leur partenariat, hier (mercredi 15 octobre), à l’occasion de la Journée mondiale du deuil périnatal, en signant une convention pour améliorer la prise en charge.

    Une convention pour améliorer la prise en charge du deuil périnatal en Martinique
@Morgane Garnier

Perdre un enfant à la naissance, c’est sans doute l’une des pires tragédies pour des parents.

À l’occasion de la Journée mondiale du deuil périnatal, le CHUM et l’association Zétwal An Syèl ont officialisé, hier (mercredi 15 octobre), une convention pour renforcer l’accompagnement des parents confrontés à cette tragédie.

Briser le silence

Il s’agit déjà de briser le silence autour de ce deuil encore trop tabou, comme l’explique Mathilde Edmond-Mariette Minoton, présidente de l’association Zétwal An Syèl.

Je pense que c'est insupportable de se dire qu'un enfant puisse mourir avant son parent, même si ça existe depuis la nuit des temps. Maintenant, la médecine a permis de réduire leur nombre, mais on ne peut pas tous les éviter. Donc, c'est un sujet qu'on cache, qui nous fait honte, dont on a peur de parler, un peu comme si ça pouvait être contagieux. C’est le rapport à la mort qu'il faut travailler. Je dis souvent aux gens que c'est d'abord parce qu'il y a eu la vie que la mort est possible. C'est important que le sujet soit mis en lumière.

Mieux informer et former

Mathilde Edmond-Mariette Minoton indique que la signature de cette convention a pour objectif mieux informer et former les professionnels.

Cette convention met en lumière le travail opérationnel qu'on mène déjà sur le terrain. On était déjà présents dans les locaux, on allait à la rencontre des parents, on mettait à disposition des brochures d'informations… Là, on va un cran au-dessus puisqu'on a aussi des dispositifs dédiés aux professionnels de santé, comme par exemple le Cercle des pros, le colloque médical qu'on organise à la fin de l'année, en novembre prochain. On a aussi ce fameux Copil institutionnel dont on rêve depuis déjà plusieurs années, c'est-à-dire réunir une fois par an les acteurs institutionnels qui traitent de la périnatalité ou en tout cas qui ont un intérêt à parler de la périnatalité : la CTM, l’ARS, les services déconcentrés de l'État comme la DEETS. Ils qui vont pouvoir se poser toutes ce questions. Quel est l'état du deuil périnatal sur notre territoire ? Quelle politique publique met-on en œuvre pour répondre aux besoins des populations ? Et comment on renforce davantage le maillage ville-hôpital ? C’est ce que la convention met en exergue.

« S’approprier la bonne posture »

Corinne Lebil, coordonnateur en maïeutique, se félicite de la signature de cette convention qui va permettre d’apporter aux professionnels de santé un appui pour optimiser leur prise en charge et développer d'autres outils techniques, mais aussi un savoir être pour mieux accompagner les familles.

C'est tragique pour les parents. Pour les soignants aussi, ça peut être des situations difficiles qui peuvent rappeler des situations personnelles ou familiales. La formation de base, on l’a en formation initiale et au cours de la vie professionnelle. Mais c’est un plus. L’association va proposer des formations, des réunions trimestrielles pour les soignants, un colloque tous les deux ans. Ça va permettre, je pense, à tout un chacun de pouvoir s'approprier la bonne posture, les bons gestes et les bons mots. Pour ne pas se tromper, ne pas faire de faux pas lors de la prise en charge de ces patients et pour créer une dynamique aussi. C'était vraiment une demande et pas seulement pour les sages-femmes, aussi des auxiliaires de puériculture et tous ceux qui entourent ces patients.

Un accompagnement psychologique

Pour Corinne Lebil, il est important que les familles ne se retrouvent pas seules à la sortie de l’hôpital. Elle insiste sur la nécessité d’un suivi psychologique, et d’une meilleure coordination des soins.

On pêche sur la sortie d’hospitalisation. Il faut voir si on ne peut pas avoir un partenariat avec des psychologues en libéral. Ce qui repousse un petit peu les patientes, c’est le coût. On a des fois des patientes qui ont perdu un enfant il y a 20 ou 30 ans qui n’ont pas eu de suivi et qui vivent toujours avec ce poids et n’ont jamais pu vraiment en parler. C’est difficile.

 


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