Suspension provisoire d'autorisation pour la maison de retraite "Le Flamboyant" à Balata
À la suite d'une série d'inspections, il est apparu que les normes de bientraitance exigées pour ce type d'établissements n'étaient pas respectées.
Des constats de maltraitance
La résidence Le Flamboyant n'a pas le statut d'EHPAD, mais d'EHPA, Établissement d'Hébergement pour Personnes Âgées. Contrairement à la première catégorie, elle ne devrait donc pas accueillir de personnes dépendantes. Or, c'est là l'une des nombreuses transgressions observées par les médecins mandatés par l'ARS, qui ont donc conduit à une suspension provisoire d'autorisation délivrée par la CTM.
Il y avait eu des alertes depuis quelque temps déjà, notamment via la CTM, "à l'origine de la demande d'inspection", comme en témoigne Marie-Laure Audel, médecin généraliste et inspecteur de santé publique.
Nous avons mené une inspection avec cinq de mes collègues à partir du signalement précis d'une famille. De là, nous avons fait des constats de dysfonctionnement et avons fait remonter une note d'alerte qui a poussé le Directeur général de l'ARS a commandité une inspection plus large sur la prise en charge des résidents au quotidien.
Si une partie de ces constats de dysfonctionnement demeure confidentielle, le Docteur Marie-laure Audel confirme qu'ils sont liés à des questions d'hygiène et de défauts de soins.
Je précise qu'aucun signe de maltraitance physique n'a été constatée. La maltraitance ici, c'est l'hygiène et la mauvaise prise en soin. À titre d'exemple, nous avons constaté qu'un débarras se trouvait juste à côté de la cuisine sans séparation adéquate et avec la présence probable de nuisibles, puisqu'il y avait des excréments. Nous avons aussi assisté à la préparation d'un repas, dont la quantité comme la qualité n’étaient pas compatibles avec la restauration de personnes âgées vulnérables. Des employés ont par ailleurs signalé l'absence de couches et une insuffisance générale des stocks.
Des solutions provisoires, pour un problème tenace
Les 11 pensionnaires de l'établissement ont de fait été déplacés, en concertation avec leurs familles pour ne pas les déraciner.
L'EHPAD L'Oasis a ainsi pu ouvrir une antenne de 8 classes et a accueilli 8 des pensionnaires concernés. 2 autres résidentes, "des copines", précise le Docteur Marie-Laure Audel, ont été dirigées sur l'EHPAD de Chateauboeuf : l'Espace la Yole Gran Moun.
Enfin, 1 résident plus autonome, bien qu'il soit en fauteuil roulant, a été accueilli par l'EHPAD Les Filaos, au Robert.
Une opération menée dans un contexte rendu sensible par le scandale des maisons de retraite Orpea, dont un rapport du gouvernement rendu public le 5 avril dernier pointe les dysfonctionnements et interroge sur le traitement des personnes âgées en France.
Dans le cas de l'EHPA le Flamboyant, ses méthodes avaient d'ailleurs déjà été remises en question par de précédents signalements, comme le précise encore le Docteur Marie-Laure Audel :
En 2011, l'ARS avait diligenté une inspection de l'établissement à laquelle j'avais participé, et certaines des remarques faites aujourd'hui sont les mêmes qu'à l'époque. Des améliorations avaient été demandées, puis à nouveau en 2014 quand un autre médecin mandaté par l'ARS avait fait les mêmes constats. La marque d'un manque de volonté ou d'une impossibilité de la gérante à répondre au cahier des charges.
Pour rouvrir son établissement, ladite gérante devra donc répondre au minimum de recommandations de l'ARS.
Il est important de comprendre que nous renforçons notre veille sur les établissements martiniquais. Nous affichons une tolérance zéro, mais on est aussi là pour accompagner les gérants. Certains d'entre eux sont là depuis longtemps et ont du mal à s'adapter aux nouvelles réglementations. Pourtant, les efforts paient. Je pense notamment à un établissement dont nous avions suspendu l'activité et qui a récemment été autorisé de nouveau.
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