Santé mentale : les conduites suicidaires en hausse en Martinique, selon Santé Publique France
Les suicides et tentatives de suicide sont en hausse en Martinique selon le bulletin régional annuel des conduites suicidaires, publié vendredi (10 Octobre 2025) par Santé Publique France. 34 décès par suicide ont été recensés chez nous en 2023, 7 de plus qu’en 2022.
34 décès par suicide en 2023 en Martinique
Les suicides et tentatives de suicide sont en hausse en Martinique : c’est ce que révèle le bulletin régional annuel des conduites suicidaires, publié ce vendredi (10 Octobre 2025) par Santé Publique France, pour la 3ème année consécutive.
Les chiffres pour la Martinique restent en moyenne trois fois moins élevés que ceux de l’hexagone mais le nombre de décès tout comme le nombre d’hospitalisations augmentent par rapport aux années précédentes.
34 décès par suicide ont été recensés chez nous en 2023, 7 de plus qu’en 2022. En 2024, près de 350 personnes ont été admises aux urgences et 165 ont été hospitalisées, après avoir tenté de mettre fin à leurs jours, 19% de plus qu’en 2023.
Les morts par suicide touchent en majorité des hommes plutôt jeunes (18-24 ans) tandis que les tentatives de suicide concernent surtout les femmes, encore plus jeunes (11-24 ans), comme le détaille Jacques Rosine, délégué régional de Santé Publique France :
Les deux tiers de ces passages aux urgences concernent des femmes et principalement des jeunes femmes, puisqu'on a plutôt des 11, 17 ans et des 18, 24 ans qui sont hospitalisés après ces passages aux urgences. Alors qu'à l'inverse, on a une baisse continue chez les hommes. Par contre, trois quarts des décès sont enregistrés chez des hommes. C'est un phénomène qui est observé depuis de nombreuses années. Les hommes, quand ils passent à l'acte, c'est malheureusement plus souvent couronné de succès.
L'instabilité politique, économique augmente la vulnérabilité
Les Baromètres de Santé publique France abordent les différents
comportements et attitudes de santé en France, dont notamment les conduites suicidaires. En 2024 en Martinique en population générale, la prévalence des pensées suicidaires au cours des 12 derniers mois chez les 18-79 ans était estimée à 6,3 %. Elle était de 4,4 % pour les tentatives de suicides déclarées au cours de la vie et de 1 % pour les tentatives de suicide déclarées au cours des 12 derniers mois. La tendance est à peu près la même à l'échelle nationale.
Les conduites suicidaires peuvent avoir des causes multiples. Les raisons peuvent être d'ordre individuel, lorsque la personne a subi des traumatismes dans son enfance, est victime de maltraitance, a été confrontée au deuil précoce ou souffre de pathologies psychiatriques.
Mais des facteurs liés au contexte sociétal peuvent aussi intervenir, admet le professeur Stéphane Amadéo, médecin psychiatre et chef de pôle psychiatrie au Centre hospitalier Maurice Despinoy (CHMD) :
Par exemple, l'instabilité politique, économique est un anxiogène, provoque du stress, augmente la vulnérabilité. Ça, c'est connu depuis très longtemps, depuis Durkheim. Ce sociologue français avait fait un gros travail dans les années 1890 et il avait déjà mis en évidence ça. La désorganisation sociale, l'instabilité est source d'anxiété et peut contribuer à l'augmentation des taux de suicide. Après, pour ce qui est des Antilles, pour avoir des facteurs spécifiques, là, on est en train de les rechercher. On a une enquête qui est en cours. On va comparer, justement, les décès par suicide dans plusieurs endroits, en Polynésie, en Martinique et en métropole. Ça n'a jamais été fait parce que ce qu'on a comme données, actuellement, c'est brut : l'âge, le sexe et parfois la méthode. On ne peut pas analyser plus les circonstances. Et là, on a bientôt une trentaine de cas où on voit bien ce qui peut intervenir. Il peut y avoir des aspects culturels
31 14 : numéro national de prévention du suicide
Depuis décembre 2024, notre territoire dispose d’un centre local répondant au 31 14 , le numéro national de prévention du suicide. Auparavant, entre juin et décembre 2024, plus de 700 appels en provenance de Martinique ont été pris en charge par cette plateforme.
Le professeur Stéphane Amadéo explique comment on peut identifier un comportement suicidaire et comment réagir :
Il y a des signes d'alerte qui sont souvent des signes de la dépression, de la tristesse, la personne qui devient renfermée, qui n'a plus de plaisir dans la vie. Des comportements, par exemple, donner toutes ces affaires de valeurs. Des mots, un peu équivoques, en disant : Je vais partir, des choses comme ça. Si on s'inquiète, l'attitude de prévention, c'est d'en savoir un peu plus et d'orienter vers des professionnels qui, eux, pourront évaluer. Ce n'est pas toujours facile, même pour un professionnel, mais il vaut mieux parfois être sûr qu'il n'y a rien. Et s'il y a quelque chose, là, il faut un soin. Il y a aussi des plans de sécurité qu'on peut élaborer avec les personnes, savoir comment elles-mêmes peuvent trouver des ressources pour combattre ces idées-là. Tout ça, c'est des conseils qu'on peut donner au 31 14 ou chez des professionnels de santé
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