Santé mentale : des dispositifs disponibles pour y faire face

Par 05/10/2021 - 15:41 • Mis à jour le 06/10/2021 - 08:38

Les semaines d'information sur la santé mentale ont débuté hier et se poursuivent jusqu'au dimanche 17 octobre. Un sujet qui concerne de nombreuses personnes, pour lesquelles il existe différents dispositifs.

    Santé mentale : des dispositifs disponibles pour y faire face

Le vaste champ de la santé mentale

Les semaines d'information sur la santé mentale (SISM) ont débuté hier et se poursuivent jusqu'au dimanche 17 octobre 2021 sur le thème « Santé mentale et respect des droits ». L'occasion de sensibiliser le grand public à ce sujet.

Et cette 32e édition se déroule quelques jours après les Assises de la Santé Mentale et de la psychiatrie qui se tenaient les 26 et 27 septembre 2021.

Un événement au cours duquel le président Emmanuel Macron a fait plusieurs annonces sur ce sujet, notamment celle du remboursement des consultations de psychologues par la sécurité sociale sur prescription, à partir de 3 ans. La mesure entrera en vigueur en 2022 et devrait également être assortie de la création de 800 postes dans les centres médico-psychologiques (CMP) à partir de l'année prochaine pour réduire les délais d'attente. La première séance sera donc prise en charge à hauteur de 40 euros par la sécurité sociale et la deuxième de 30 euros.

Mais la notion de santé mentale est vaste. Elle ne se restreint pas uniquement aux troubles psychiatriques, qui représentent finalement une faible part des problèmes de santé mentale dans la population. Les angoisses, la dépression, ou encore les troubles de l'alimentation sont beaucoup plus présents et de nombreuses personnes sont ainsi concernées. C'est ce qu'explique le docteur Alex Bottius, psychiatre des hôpitaux, chef de pôle au centre hospitalier Maurice Despinoy, anciennement Colson :

Les troubles de santé mentale sont beaucoup plus larges que les troubles psychiatriques. Plus communément, c'est l'anxiété, la dépression, les troubles du caractère, les troubles alimentaires, relationnels, de la personnalité, les difficultés à entrer en relation avec les autres. Puis à un degré supérieur d'intensité des troubles, on va entrer dans le domaine de la pathologie sous forme de schizophrénie, de psychose ou autres pathologies graves

Et la crise sanitaire, les confinements et les différentes mesures de restrictions de libertés ont entraîné une augmentation du nombre de personnes souffrant de problèmes de santé mentale. On estime aujourd'hui qu'une personne sur 4 serait touchée en France, contre une sur 5 auparavant.

La schizophrénie, une pathologie

Si certaines de ces personnes, en fonction du degré de gravité de leur état, peuvent être hospitalisées puis suivies dans un hôpital de jour, d'autres ne passent pas par l'hospitalisation.

Michel, 47 ans, est schizophrène, a quant à lui découvert sa maladie en 2002 :

Les crises se manifestaient comme quelqu'un qui s'énerve. Parce que j'avais une peur bleue, je ne comprenais pas ce qu'il m'arrivait. J'avais des insomnies, je m'énervais. Les hallucinations sont apparues, je me suis mis à entendre des voix. J'ai expliqué ça à mon père, qui m'a dit d'aller voir un spécialiste pour ça

L'état de Michel ne nécessite toutefois pas d’hospitalisation, raison pour laquelle il arrive à l'hôpital de jour de Perrinon à Fort-de-France. Sur place, une équipe de 7 personnes assure la prise en charge : des psychiatres, psychologues, ergothérapeutes, plasticienne pour l'art thérapie, éducateur spécialisé. L'objectif à terme est ainsi la réhabilitation. Après 5 ans de suivi, Michel a quant à lui le regard tourné vers l'avenir. Passionné de mathématique, il donne des cours de soutien à des étudiants, et se laisse désormais le temps de choisir sa voie.

Des groupes de parole pour les aidants et proches du malade

Dans ce cheminement, la famille, et les proches du malade sont un relais essentiel à l'équipe médicale qui soigne le patient. Un rôle souvent extrêmement éprouvant pour ces aidants qui se retrouvent souvent confrontés au sentiment d'impuissance, de solitude,ou encore de fatigue psychique et psychologique. Certaines associations, et groupes de paroles existent ainsi pour les soutenir.

Depuis 2019, le programme national baptisé Pro Famille assure l'accompagnement et la formation des aidants. Déjà créé en 1988 au Canada, il s'agit d'un programme reconnu et financé en partie par l'ARS. Il est destiné à tous les aidants dont les proches souffrent de troubles apparentés aux troubles schizo-affectifs et à l'autisme. Ce programme gratuit dure 3 ans, à raison de 14 séances par an. 

En Martinique, il est mis en œuvre par un seul et unique groupe composé de 5 femmes et coordonné par la psychiatre Vanessa Martin. On y apprend aux aidants à connaître la maladie, à savoir comment agir et réagir face au malade, à prévenir les crises. Mais il est aussi question de déculpabiliser et de prendre du temps pour soi. C'est ce qu'explique Laurence Exbrayat, infirmière et animatrice du programme Pro Famille en Martinique :

La première chose c'est qu'on essaie de comprendre cette maladie : en quoi elle consiste, comment elle arrive, quel est son pronostic. On voit aussi tous les traitements, pas uniquement les médicaments mais tout ce qu'il y a autour du patient. On apprend aussi à gérer sa culpabilité parce que souvent les familles se sentent coupables de la maladie, alors qu'elles ne le sont pas. On va travailler aussi sur l'anxiété qui est générée par cette culpabilité. On travaille avec beaucoup de jeux de rôle, des exercices à refaire à la maison sur le renforcement positif

Le programme permet également d'analyser l'état des aidants tout en les accompagnants tout au long du processus.

Elisabeth, dont le fils est âgé d'une vingtaine d'années en 2006 lorsqu'il est diagnostiqué schizophrène, a intégré le programme. Elle a pu y trouver un véritable appui face à sa peine, ses peurs, et sa solitude devant une telle situation

Je me suis sentie moins seule, puisqu'il y avait d'autres parents dans mon cas, et puis il y avait une équipe en face qui allait enfin m'expliquer ce que mon fils vivait et ce que je vivais. Là je sais faire face, voir la crise arriver, je sais écouter, me taire aussi quand il le faut. Je vais beaucoup mieux

Et parce qu'elle sait le chemin encore long, Elisabeth a créé avec d'autres parents d'enfants schizophrènes, une association nommée l'APAM pour aider à leur tour ceux qui en ont besoin.

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