“Elles arrivent avec des vrais trous" : les ratés de la chirurgie à l’étranger inquiètent le CHUM

C’est une habitante de Martinique qui avait lancé l’alerte, après avoir versé jusqu’à 6 000 euros pour une intervention chirurgicale qui ne s’est jamais déroulée. L’intervention devait avoir lieu en République dominicaine. 

Elle affirme avoir été en contact avec une représentante de l’Institut Minceur, aujourd’hui injoignable. Une plainte a été déposée à la gendarmerie. D'autres victimes se sont manifestées : au moins une quinzaine de femmes seraient concernées.

Le CHUM confronté aux conséquences

Au-delà des arnaques financières, le service de chirurgie réparatrice du Centre hospitalier universitaire de Martinique constate une hausse des complications médicales chez des patientes opérées hors du territoire.

Le Dr Ciprian Isacu, chef de service, décrit des situations médicales parfois critiques :

J'ai environ 40 cas par an, donc sur 52 semaines, c'est presque un cas par semaine avec une pathologie différente : BBL, abdominoplastie, bodylift, enfin peu importe. Et elles arrivent toujours plusieurs semaines après l'intervention. Je parle de désunion, de surinfection, des écoulements, des carrément des vrais trous sur un fond septique, ça veut dire température, syndrome inflammatoire, infectieux quoi. [...] Elles arrivent ici, elles ont honte de venir à l'hôpital, elles viennent tardivement, ça tombe sur nous.

Le praticien appelle à une prise de conscience collective, en particulier chez les jeunes femmes attirées par des offres peu chères mais à haut risque :

Juste que les femmes, quand elles parlent, elles ne veulent pas témoigner par honte. Si tu as le courage d'aller dans l'inconnu, quelqu'un qui ne connaît pas, mais aie le courage d’admettre que tu as fait une connerie, quoi. On ne va pas lui couper la tête de toute façon. On va l'opérer, on va la réparer, on va la remettre sur les rails. Mais il faut assumer.

Plus connu sous le nom de BBL ou Brazilian Butt lift, cette opération de chirurgie esthétique consiste à prélever et réinjecter la propre graisse du patient pour modeler sa silhouette. 

En 2018, l'association américaine de chirurgie plastique, estimait qu’il s’agissait de l’opération de chirurgie esthétique présentant le plus haut taux de mortalité.