Baisse de l’activité sexuelle : « moi, je préfère largement passer mon temps sur les écrans ! »
Une étude IFOP publiée le 6 février sur un échantillon de près de 2000 personnes évoque une diminution des pratiques sexuelles en France. En Martinique aussi, cette tendance semble se confirmer, même si aucune étude ne l’atteste. Témoignages et avis de spécialistes.
Nous sommes en « récession sexuelle ». Du moins c’est ce que révèle une étude publiée par l'Ifop il y a deux jours, sur un échantillon de 1 911 personnes, dabs l’Hexagone. Après les études attestant d’une baisse de la natalité, ce récent sondage met en avant la baisse des pratiques sexuelles.
Sur le campus de Schoelcher, cette question de l’omniprésence des écrans, notamment chez les plus jeunes, est confirmée par plusieurs étudiantes.
Moi je préfère largement passer mon temps sur les écrans, ça me permet de me divertir et de passer à autre chose », confie une jeune Martiniquaise. « On est plus pris par les réseaux, c’est notre génération, c’est comme ça », poursuit une autre. « Qu’est-ce qu’on va aller fréquenter un garçon ne nous intéresse pas alors qu’on a notre téléphone », questionne une troisième étudiante
D’autres, en revanche, ont un avis plus nuancé.
L’écran, c’est bien un temps mais, après, il faut faire autre chose, surtout que le carnaval approche ! », lâche, par exemple, ce jeune homme. « Personnellement, je ne pense pas que ce soit lié aux écrans mais plus à un problème de conscience », répond une autre étudiante interrogée sur le sujet
Au cours des 12 derniers mois, les Français seraient 76% à avoir eu un rapport sexuel. C’est la proportion la plus faible depuis 50 ans.
Des explications multiples et un problème de santé publique
Chantal Govindoorazoo, psychothérapeute et sexologue, semble confirmer une tendance similaire en Martinique. Elle y voit des raisons multifactorielles.
Le stress et les pressions externes que les couples subissent, ici et dans l’Hexagone. La technologie et les réseaux sociaux sont devenus des distractions omniprésentes. Cela peut entraîner un manque d’énergie et de temps à consacrer l’un à l’autre. Tout comme la routine et l’ennui qui, eux, aussi, sont responsables de la diminution du désir dans le couple. Il y a aussi le problème de relations non-résolues. Les couples, quand ils partent en conflit ou dans des disputes, s’ils ne prennent pas le temps d’avoir une bonne communication, ça aussi, ça peut diminuer l’intimité et le désir sexuel. Sans parler, également, de l’épuisement parental
Pour la sexologue Pascale Benoît, la pratique du sexe est en mutation.
Les jeunes que je rencontre sont dans un questionnement et, effectivement, la fréquence des rapports sexuels entre en compte. Certains préfèrent carrément ne plus avoir de sexualité alors que d’autres sont dans une frénésie sexuelle où on a l’impression qu’il faut augmenter la fréquence, la dangerosité des actes. Nous sommes dans une confusion de ce qui se fait et ne se fait pas au niveau de la sexualité. Et finalement, c’est plus une révolte sexuelle des jeunes : si c’est si compliqué et si moche, ben on ne fait plus et on va mettre notre énergie ailleurs
La thérapeute souligne toutefois que cette vision du rapport sexuel peut être remise en cause lorsqu’il y a des sentiments.
Chantal Govindoorazoo a une autre explication quant à la baisse d’activité sexuelle.
Il y a aussi un vrai problème de santé sexuelle, tels que les dysfonctionnements érectiles ou les douleurs pendant les rapports sexuels qui sont très présents chez nous puisque nous rencontrons ces problèmes-là de plus en plus souvent chez les jeunes personnes. L’endométriose, chez les femmes, rend aussi les rapports sexuels compliqués
À ÉCOUTER Le reportage complet d’Yva Gelin
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