À Fonds Saint-Jacques, déjà en 2009 la terre glissait

Par 14/11/2020 - 12:48 • Mis à jour le 14/11/2020 - 18:10

Les fortes pluies du 5 mai 2009 avaient marqué les mémoires, notamment en provoquant la rupture la canalisation d'eau potable de Séguineau. Ce dont on se souvient moins, c'est qu'elles avaient aussi provoqué un glissement de terrain à Fonds Saint-Jacques à Sainte-Marie.

    À Fonds Saint-Jacques, déjà en 2009 la terre glissait
Le 11 novembre 2020 à Sainte-Marie, la RN1 s'est affaissée au quartier Fonds Saint-Jacques. ©RCI Martinique

En zone tropicale, les fortes pluies sont un facteur majeur des risques naturels. Outre des inondations meurtrières, elles peuvent provoquer des mouvements de terrain tout aussi dangereux et qui mettent à mal les infrastructures majeures.

Le relief montagneux et le sous-sol argileux de la Martinique en ont été le théâtre ces 15 dernières années. On se souvient en 2004 du glissement de terrain au François qui avait mis en danger les habitants du lotissement Soleil Levant. En mai 2011, c'est au quartier Morne Calebasse dans la banlieue de Fort-de-France que des habitants ont dû être évacués en urgence. Leurs maisons ont disparu à tout jamais et le quartier ne sera jamais reconstruit.

Intempéries Sainte-Marie
Route coupée à Fonds Saint Jacques en novembre 2020.

Toujours en mai, mais cette fois en 2009, la Martinique est touchée par de très fortes précipitations du 1er au 5. Des dizaines de glissements de terrain sont répertoriés par le Bureau de Recherches Géologiques et Minières. Le plus marquant est celui de Séguineau au Lorrain. Dans un champ de banane, une canalisation d'eau potable de 800 mm explose sous la pression d'un mouvement de terrain. Elle alimente en principe 100 000 Martiniquais. Les conséquences de ce mouvement de terrain sont toujours d'actualité, puisque cette canalisation n'a jamais été rétablie.

Investigations à Fonds Saint-Jacques

Un autre glissement de terrain se produit à cette même période. Il concerne le quartier Fonds Saint-Jacques à Sainte-Marie. Le talus entre la route nationale 1 et la mer se déplace vers l'océan. Dans le rapport du BRGM de l'époque, avant les événements de 2009, la zone est considérée comme présentant un aléa faible à nul. Néanmoins, une pension familiale est évacuée en urgence dans la nuit du 6 au 7 mai.

C'est à la demande la D.D.E. que les équipes du BRGM se rendent sur place le 10 mai 2009. En effet, outre les fissures sur la pension Kay Fanely, "des fissures et des tassements ont affecté la chaussée de la RN1 dans le même quartier les jours suivants".

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Survol de Fonds Saint-Jacques à Sainte-Marie en mai 2009.

Le 11 mai, un survol de la zone est organisé. Il permet d'observer "une masse glissée qui s'est propagée jusqu'à la mer". Cette donnée indiquait l'amorce d'un mouvement de terrain. À la suite des études du BRGM, la Région engage des travaux pour sécuriser et stabiliser les terrains qui portent la RN1, des habitations et aussi la canalisation de 800 mm qui a été endommagée par le glissement de terrain de novembre 2020.

Dans son rapport, le BRGM dresse une étude géologique du terrain et conclut que "ces terrains peuvent présenter des horizons avec des caractéristiques géomécaniques médiocres qui en présence d'eau ont des aptitudes au glissement".

Par ailleurs, les riverains signalent à cette époque la présence d'une source dans le quartier et l'affleurement d'eaux souterraines.

Les experts du BRGM précisent en conclusion qu'il faut traiter toutes les infiltrations d'eau dans le sol et procéder à une évaluation détaillée de l'aléa.

Ils constatent que les fissures observées le 5 mai 2009 sont en fait antérieures et que la zone a été, dans un passé plus lointain, le théâtre de glissements de terrain.

Des précipitations exceptionnelles

Comme en ce mois de novembre 2020, ce sont des précipitations exceptionnelles qui avaient déclenché ce mouvement de mai 2009. La moyenne mensuelle des cumuls avait atteint 400 mm soit quatre fois le niveau habituel au mois de mai.

Cependant, contrairement aux incidents de ce mois-ci, le glissement de terrain s'était produit à la fin de la saison sèche. C'est l'accumulation d'eau avec "des cumuls extraordinaires" et le ruissellement sur une période très courte de l'ordre de 4 à 5 jours qui ont déclenché une "mobilisation des terrains préférentiellement en coulée de boue".

"Les pluies ont sursaturé les terrains en surface et ont eu une action érosive importante", analyse le BRGM. Des éléments qui permettent de comprendre l'ampleur des dégâts en ce mois de novembre 2020 au cours duquel une pluviométrie record est venue s'ajouter à 24 jours de pluie au mois d'octobre.