Des résultats scientifiques concrets sur les dégradations matérielles provoquées par les sargasses

Par 09/03/2022 - 11:47 • Mis à jour le 09/03/2022 - 18:57

Une étude démontre l'effet corrosif des sargasses sur les métaux. Un travail scientifique qui pourrait conduire à une meilleure prise des dégâts provoqués par les algues brunes.

    Des résultats scientifiques concrets sur les dégradations matérielles provoquées par les sargasses

Depuis 2011, les sargasses empoisonnent la vie des habitants du littoral de la Martinique. Les vagues successives d’algues brunes s'accompagnent de dégâts environnementaux - destruction des herbiers, altération de la faune -, d'une odeur pestilentielle, d'effets sur la santé des population mais aussi de dégradations matérielles sur les habitations et les équipements.

Des dégradations qui ne sont pas forcément prises en charge correctement par les assurances. D'autant plus que l'Etat refuse toujours de reconnaître les échouages d’algues sargasses comme une catastrophe naturelle.

Des chercheurs de l'Université des Antilles et l'association Madininair travaillent conjointement au projet Corsair. Il s'agit de mesurer les effets des algues sargasses de manière scientifique.

Les premiers résultats des travaux montrent que les gaz dégagés par le pourrissement des sargasses provoquent la "corrosion significative et importante" des métaux. Les chercheurs sont unanimes.

C'est ce qu'explique Benoit Lessecoq, maître de conférence à l'université de Bretagne occidentale.

On a vu suivant les sites des produits de corrosion vraiment important, avec des vitesses de corrosion vraiment importantes. Surtout quand il y a une atmosphère liée aux sargasses. Quand il y a des sargasses on voit des produits de corrosion extrêmement forts et qu'on ne voit nulle part ailleurs

Les chercheurs se penchent sur trois aspects des effets des sargasses. Il s'agit de la corrosion atmosphérique, la corrosion marine et l’approche juridique de la dégradation accélérée des matériaux par corrosion.

Sur ce dernier aspect, qui comprend un volet juridique et indemnitaire, la question de la prise en compte des échouages de sargasses comme catastrophe naturelle se pose bien évidemment.

Néanmoins, le flou juridique demeure tant à la quantité des intervenants sans pour autant que des responsables soient clairement identifiés.

Aude Farinety, maire de conférence de droit public à Paris Saclay, travaille sur ce sujet :

Le cadre juridique est extrêmement confus. Il y a énormément d'autorités fondées à intervenir avec des responsabilités très intriquées avec une tendance de l'Etat à se défausser sur les communes. Nous on veut savoir si tout ça se tient juridiquement

Cette étude qui doit durer trois ans est ouverte depuis avril 2021. Les chercheurs souhaitent que cette étude soit prise en compte par les autorités. 

C'est en tout cas ce qu’espère Paule Salvin, maîtresse de conférence en chimie à l'Université des Antilles.

On ne peut pas prétendre que ça sera utilisé mais on offre à travers ce projet des outils de réflexion qui appuient bien la mise en évidence de la problématique sargasses

Les chercheurs invités achèvent leurs visites sur le terrain en Martinique ce mercredi et poursuivront leurs travaux sur les algues brunes.