Sébastien Lecornu reconduit : pour Catherine Conconne, « ce n’est pas une question de personne, mais de système »
La reconduction surprise de Sébastien Lecornu à Matignon, après une semaine politique mouvementée marquée par sa démission puis sa réinstallation à la tête du gouvernement, suscite de nombreuses réactions. Pour la sénatrice Catherine Conconne, l'affaire va plus loin que la simple personne du Premier ministre. Il s'agit des prémices de la fin de la 5e République.
Pour l’élue martiniquaise, le problème dépasse la seule personne du Premier ministre. Les législatives de 2024 ont acté le morcellement de l'Assemblée en petits blocs politiques. Une configuration qui est trop différente du logiciel original de la 5e République.
La crise n’est pas un problème de personne, elle est profonde. C’est le système, la Ve République, qui craque. Cette solution politique avait été pensée pour de gros blocs cohérents, avec la droite, la gauche, le centre. Mais aujourd’hui, avec une douzaine de groupes politiques, la majorité n’est pas claire. C’est la fin d’un cycle qui rappelle celle de la IVe République.
Selon Catherine Conconne, même une dissolution n’aurait pas permis de dégager une majorité stable, tant les clivages sont nombreux, notamment avec « la gauche qui s’est fracturée depuis le divorce avec LFI ».
Un « siège éjectable » et un climat délétère
Interrogée sur la capacité de Sébastien Lecornu à former un nouveau gouvernement, la sénatrice souligne les difficultés de l’exercice.
Qui est candidat pour faire le job ? Le ministre est un humain. Vu l’ambiance, qui prendra place dans un siège éjectable ? Il faut voter le budget de la Nation, celui de l’outre-mer qui contient des dispositions importantes pour notre économie. On doit mettre de l’eau dans son vin, ramener de la sérénité, car il n’y aura pas de gagnant.
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Alors que certains évoquent une possible destitution du président ou une dissolution, Catherine Conconne met en garde contre des scénarios dangereux pour les institutions.
Je pense que tout le monde va devoir attendre 2027 pour un nouveau président. La destitution du président est un mauvais signal. Je suis pour la solidité de l’institution. Il faut respecter jusqu’au bout le suffrage universel. Et de toute façon, cela ne règlerait pas le problème de majorité.
Des conséquences pour les outre-mer
La sénatrice martiniquaise alerte enfin sur l’impact de cette instabilité politique sur les territoires ultramarins.
Oui, il risque d’y avoir des conséquences. Nous sommes habitués aux fortes séquences de travail, mais à l’heure où je vous parle aucune réunion de commission ne s’est tenue. Les budgets se votent avec un gros travail en amont. Il faut vraiment rattraper le temps et considérer l’importance du moment, pour arrêter de se tirer dans les pattes.
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