Tribunal pour enfants en Martinique : priorité à la protection des mineurs en danger
En 2024, plus de 2 600 enfants étaient suivis au tribunal pour enfants de Fort-de-France, dont 80 % dans le cadre de mesures de protection. Un chiffre en hausse qui témoigne de la pression croissante sur un système judiciaire déjà très sollicité.

Au tribunal pour enfants de Martinique, la priorité n’est pas forcément la sanction. En réalité, 80 % de l’activité concerne les mineurs en situation de danger dans leur environnement familial, contre 20 % pour ceux qui ont commis une infraction pénale.
En 2024, 2 600 enfants étaient placés sous protection judiciaire, soit 362 de plus qu’en 2023. Une progression notable, qui s’explique par une vigilance accrue sur les situations de négligence, de maltraitance ou de carences éducatives.
Identifier le danger et agir
Pour les juges, un enfant est en danger lorsqu’il ne bénéficie pas de ce que la loi appelle ses « besoins fondamentaux » : sécurité physique, stabilité affective, scolarité, santé mentale ou encore conditions de vie décentes.
Une fois le signalement effectué, la justice entre en action. Myriam Fouzai, juge des enfants et coordinatrice du service au tribunal pour enfants de Fort-de-France, en détaille les étapes :
Dès lors qu'on nous saisit, en général, c'est le procureur, on convoque les parents et les enfants. Ce ne sont jamais des décisions prises dans l'urgence sans entendre les familles. On écoute toutes les parties, on les interroge sur les faits, les éléments du dossier, sur la situation de l’enfant. Ensuite, deux grandes options se présentent : soit on met en place une aide éducative à domicile si l’enfant peut rester dans sa famille, soit on estime qu’il faut l’éloigner. C’est l’option la plus lourde, mais parfois nécessaire.
Privilégier les solutions familiales
La loi privilégie toujours le maintien du lien familial, dans la mesure du possible. Et en Martinique, cette orientation peut souvent être respectée grâce à la solidarité intergénérationnelle.
En Martinique, on a cette chance-là, culturellement, d’avoir un étayage familial important. On peut parfois éviter un placement institutionnel et confier l’enfant à une grand-mère, une tante, une marraine… Mais quand ces relais n’existent pas ou ne sont pas fiables, on doit alors faire appel à l’aide sociale à l’enfance, qui prend le relais.
Avec seulement 3 juges pour traiter tous les dossiers de l’île, les équipes du tribunal pour enfants sont confrontées à une charge de travail importante. Dans chaque affaire, l’objectif reste de garantir à chaque enfant un cadre de vie sécurisé et épanouissant, tout en respectant les droits des familles.
Plus d’informations à retrouver dans l’émission C’est la vie Décryptage présentée par Florence Treuil et Julie du lundi au vendredi à 9h30.
√ Rejoignez notre Chaîne Whatsapp, RCI INFOS MARTINIQUE, pour ne rien rater de l’actualité : cliquez ici.