Nouveau procès aux Assises pour Patrice Monthieux, accusé de la mort d'Aude Jean-Alexis
Condamné à 30 ans de réclusion criminelle en première instance pour avoir enlevé, séquestré et tué la jeune femme de 22 ans en 2017, l’accusé de 48 ans doit à nouveau s’expliquer, en appel, pendant 4 jours. Le corps de la victime n’a jamais été retrouvé.
C’est une affaire qui a considérablement ému l’opinion publique. Un peu plus d’un an et demi après une première condamnation aux Assises, l’« affaire Aude Jean-Alexis » est de nouveau jugée pendant 4 jours.
Condamné à 30 ans de réclusion criminelle pour « enlèvement, séquestration et détention suivie de mort » sur la jeune femme de 22 ans, porté disparue le 15 novembre 2017, Patrice Monthieux comparaît de nouveau devant les Assises. Il a fait appel et clame son innocence.
Un homme confus, à la barre
Incarcéré depuis près de deux ans, c’est un homme souvent confus qui est apparu, ce matin, à la barre. La Cour, qui se penche sur ce dossier jusqu’à vendredi, a ouvert les débats par l’examen du personnalité du quadragénaire.
Devant les jurés, l'accusé ne sait plus, oublie, se confond parfois en approximations.
Le président, puis l’avocate générale ne manquent pas de lui rafraîchir la mémoire. Les deux magistrats lui rappellent les éléments de son casier judiciaire, qui comporte plusieurs mentions (délits routiers, mais aussi délits de nature sexuelle).
En 2015, il est accusé de viol par une femme, enceinte de 7 mois, qui réside à l’hôtel tenue par sa mère, sur les hauteurs de Rivière-Salée. Des faits qu’il dément catégoriquement. Il évoque un cunnilingus entre adultes consentants. L’affaire sera classée sans suite.
Mais, trois ans plus tard, Patrice Monthieux est condamné à payer 1000 euros d’amende pour détention d’images à caractère pédo-pornographiques en vue de leur diffusion. Là encore, le quadragénaire conteste avoir recherché ses images pour son plaisir.
À la barre, il rappelle souvent qu’il a des problèmes de mémoire. En 2011, à la suite d’un violent accident, une barre de 10 centimètres de diamètre lui a perforé le crâne.
Une enfance difficile, solitaire
Son enfance semble avoir été plutôt solitaire, selon l’enquête de personnalité. Plus jeune, il souffrait d’eczéma, une pathologie qui l’aurait rendu timide. Connu comme ayant peu d’amis, les enfants se moquaient beaucoup de lui. En parallèle, à la maison, il subissait la violence des coups de son père.
Et le récit traumatique de cette enfance difficile ne s’arrête pas là. L’accusé révèle avoir été violé par un proche, entre ses 9 et 12 ans, dans la maison familiale.
L’interrogatoire devient plus laborieux, Patrice Monthieux craque et fond en larmes. Il ne souhaite plus répondre. S’adressant au juge : « c’est dur pour un homme de parler de ces choses-là ».
Des secrets de famille
En fin de matinée, un premier témoin est entendu à la barre, c’est la mère de Patrice Monthieux. Et l’audition de cette dernière amène aussi son lot de surprises.
Cette dernière dévoile, par exemple, pourquoi elle est séparée du père de ses enfants. Selon elle, celui-ci aurait violé sa fille. Un épisode tragique qu’elle n’a, pourtant, jamais mentionné aux policiers au cours de l’instruction. « C’est personnel. Ce sont des secrets de famille », justifie-t-elle.
Et des secrets, il y en a beaucoup dans cette famille, comme le souligne le président de la Cour d’Assises. La mère de Patrice Monthieux refuse, par exemple, de dévoiler le nom de l’homme qui a violé son fils étant enfant, « un homme de la famille », lâche-t-elle, simplement.
Dans la salle, l’indignation est palpable. La mère de famille ressent le besoin de se justifier : « à cette époque ces choses-là ne se disaient pas ».
Une ex-petite amie entendue
Après une suspension d’audience à la mi-journée, l’audience reprend en début d’après-midi. La cour entend une ex-petite amie de l’accusé. Elle l’a connu car sa mère « travaillait comme femme de ménage pour la mère de Patrice ».
À la suite d’une fugue, elle s’est installée chez lui. Ils ont vécu ensemble pendant 5 ans. Malgré son envie d’avoir des enfants, elle a avorté trois fois, à la demande de son compagnon.
Elle évoque « leur sexualité hard ». Les vidéos pornographiques ? Oui, il lui a montré mais ça ne l’a pas choquée : « cela ne me regardait pas ». Les armes chez lui ? Elle l’a connu avec donc, « ce n’était pas un souci », soutient-elle.
Un jour pourtant, il a tiré à l’arme à feu à côté de son oreille, elle a eu le tympan perforé. « Mais bon pas grave », lâche-t-elle, désinvolte, à la barre, dans une posture parfois totalement en décalage avec les faits évoqués.
Le fond du dossier et les faits reprochés à Patrice Monthieux doivent commencer à être examinés demain (mercredi 26 mars).
Au cours de l'instruction judiciaire, des traces ADN d'Aude Jean-Alexis ont été retrouvées au domicile du mis en cause.
Le procès se poursuit jusqu’à vendredi.
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