Meurtre de Marion Génin : des zones d’ombre planent sur ce dossier

Par 13/12/2022 - 07:32 • Mis à jour le 13/12/2022 - 13:14

Ce mardi 13 décembre se tient le 3e jour de procès aux Assises pour le meurtre de Marion Génin en 2008. Hier après-midi, deux enquêteurs ont été entendus à la barre.

    Meurtre de Marion Génin : des zones d’ombre planent sur ce dossier
Photo d'illustration

Après l’audition des témoins dans la matinée, ce sont deux enquêteurs qui ont été interrogés à la barre dans le cadre du procès pour le meurtre de l’opticienne, Marion Génin, en 2008.

Ce sont 4 hommes d’origine saint-lucienne qui sont inquiétés dans cette affaire. Cependant, la justice française n’a pas reçu l’accord des autorités saint-luciennes pour une procédure d’extradition des mis en cause à savoir : Fabian Cherubin, Roger Hillaire et Dany Francis qui sont ainsi jugés par défaut. Seul Roger Avril est mis en examen et présent dans le box des accusés après avoir été interpellé en 2017 en Martinique, sur exécution d’un mandat d’arrêt délivré en 2014.

Un contexte particulier

Hier, deux enquêteurs de l’époque ont été entendus à la barre. Il s’agit du directeur d’enquête et de son adjoint qui se sont rendus à Sainte-Lucie entre le 26 et le 30 septembre 2008.

Sur place, on ne voulait pas que l’on sorte des hôtels, précise l’un des gendarmes à la cour.

Ce déplacement intervenait dans un contexte politique particulier où un accord historique entre Sainte-Lucie et la Martinique était sur le point d’être signé. Les autorités de Castries acceptent le mandat d’arrêt qui vise les 4 suspects pour tous les faits commis entre le 28 août et le 7 septembre 2008 en Martinique sauf pour le meurtre de Marion Génin.

Égorgée et achevée à coups de pierre

Dany Francis et Roger Hillaire seront d’abord interpellés, puis Fabian Cherubin.

Il a fallu négocier de longue haleine pour pouvoir s’entretenir avec Cherubin, explique le gendarme à la barre.

Le matin du 28 septembre, le feu vert est donné aux deux enquêteurs français. Embarqués dans un camion de la police locale, ils sont emmenés sur une plage de Marigot Bay. Sur place, un grand pick up noir les attend, les vitres teintées avec à l’intérieur, Fabien Cherubin. « Je me suis dit, je suis dans un autre monde », a précisé le directeur d’enquête. En une dizaine de minutes, Cherubin explique comment Dany Francis a égorgé Marion Génin, puis comment la victime a été achevée à l’aide d’une pierre, et jetée près d’une rivière à Sainte-Luce. Grâce à ces indications, le corps de l’opticienne sera retrouvé le jour même.

Des rumeurs déstabilisantes

Cependant des rumeurs vont mettre à mal le travail des enquêteurs. Deux jours après ces révélations, Fabian Cherubin s’évade d’un commissariat de Sainte-Lucie. À l’époque, des rumeurs circulent sur un accord pour l’obtention de cet entretien. « Devant cette cour sous serment, j’assure que cette rumeur est totalement infondée », a dit l’un des enquêteurs. Mais les deux gendarmes sont sous pression, disent-ils, car les autorités locales leur demandent d’être « volontairement vague » dans le procès-verbal rapportant l’échange avec Cherubin.

Pourtant au juge d’instruction, 4 ans plus tard, les enquêteurs seront plus exhaustifs. Lors de cette audition, on apprend que ce serait Roger Hillaire qui aurait achevé Marion Génin à l’aide d’une pierre. Toutefois l’un des gendarmes tempère : « J’interprète l’attitude de Cherubin comme quelqu’un qui en a plus fait qu’il n’a bien voulu nous dire », a-t-il avoué à la cour.

Ce mardi 13 décembre, la cour poursuit ses auditions des enquêteurs et des témoins. Cet après-midi, la mère d’un des prévenus, Marie Avril, est attendue à la barre.

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