Karine Gonnet : « les magistrats et les greffiers sont à bout de souffle »
Quels sont les moyens de la justice en Martinique ? Comment se porte la juridiction ? Après 3 années à la tête du tribunal judiciaire de Fort-de-France, Karine Gonnet, invitée de la rédaction ce mardi (26 février), revient notamment sur les enjeux en termes d’effectifs et sur la campagne de recrutement lancée par le ministère.
Le ministère de la justice lance une vaste campagne de recrutement de magistrats. 300 postes sont ouverts par le biais de trois concours d’accès à l’École Nationale de la Magistrature (ENM). Vous avez jusqu’au 8 mars pour vous inscrire.
Karine Gonnet, la présidente du tribunal judiciaire de Fort-de-France, est l’invitée de la rédaction ce mardi 27 février. Elle reconnaît un manque de moyens humains au sein de la juridiction martiniquaise, même si les choses évoluent malgré tout positivement.
Trois ans après son arrivée, elle livre un bilan de son action, avec du positif et du moins positif.
Concernant l’évolution moins favorable, j’ai été frappée par la permanence des infractions pénales et le nombre de morts sur le territoire. On a une délinquance particulièrement violente et importante sur le territoire. Et, c’est vrai, il y a cette idée d’une certaine impuissance à la faire diminuer sur le territoire
Du côté, des satisfactions, Karine Gonnet se félicite des actions du ministère de la justice pour faire augmenter le nombre magistrats.
Le constat, c’est que les magistrats, les greffiers sont à bout de souffle car ils ne sont pas en capacité à faire face à l’activité
Encore un nombre de magistrats insuffisant
Le ressort compte actuellement 39 magistrats, contre 34 à son arrivée. Mais il en faudra 47 pour absorber le flux, selon elle.
D’ici 2027, le ministère de la Justice annonce la création de 1500 postes de magistrats et autant de postes de greffiers partout en France. La question de la revalorisation du statut de greffiers, qui souhaitent passer de la catégorie B à la catégorie A, fait encore l’objet de discussions d’un groupe de travail au plus haut niveau.
Dans la fiche de présentation des 300 postes, le ministère de la justice insiste sur la revalorisation salariale apporté au métier de magistrats : soit environ 1000 euros brut/mois en moyenne.
Les magistrats de l’ordre judiciaire n’avaient pas eu d’augmentation de salaires depuis de nombreuses années. Or, les magistrats de l’ordre administratif, eux, ont régulièrement vu leur rémunération augmenter. Cela créait une très grande différence. Donc l’idée, c’est de tendre à une égalité entre les magistrats de l’ordre administratif et judiciaire
À ÉCOUTER L'invité de la rédaction avec Cédric Catan
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Une grande campagne sur les violences faites aux femmes
Le 19 mars prochain, le Conseil Départemental de l’Accès au Droit (CDAD), en lien avec le Barreau de Fort-de-France et l’Adavim (l’association des victimes) lance une grande campagne pour amener les victimes de violences à appeler un numéro.
« L’idée, c’est de leur dire, vous avez raison de dénoncer les faits, mais faîtes-le dans un cadre qui soit à la fois professionnel, anonyme et gratuit. Concrètement, les personnes appelleront ce numéro, elles seront directement réorientées vers un avocat ou l’Adavim, les frais seront pris en charge par le CDAD. Elles pourront raconter leur histoire mais ça leur permettra de ne pas s’exposer. Et elles pourront avoir un conseil de professionnel sur les chances d’aboutir à une condamnation pénale », précise Karine Gonnet.
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