Affaire « Soussou JJ Privilège » : prison, amende et mandat d’arrêt requis contre la tête du réseau
Au 2ème jour de procès, les réquisitions sont tombées à l'encontre des 8 prévenus poursuivis pour ce système pyramidal qui a fait 500 victimes déclarées. Jean-José Rome, le principal mis en cause, a quitté l'audience à la mi-journée de mardi (29 octobre) et brillé, ensuite, par son absence.
Au premier jour d’audience, 490 victimes se sont manifestées dans ce dossier hors-normes par son ampleur. À l’époque des faits, entre 2021 et 2022, le système pyramidal « Soussou JJ Privilège » avait réuni des centaines de participants.
Tous avaient accepté de verser une somme plus ou moins conséquente, selon les cas, en espérant la voir multipliée après avoir attiré d’autres adhérents. Mais beaucoup n’ont jamais perçu les dividendes attendus.
Le 2ème jour de procès démarre ce mercredi matin dans une salle d’audience clairsemée. Six des huit personnes poursuivies sont présentes.
Une des prévenues qui avait quitté l’audience hier est de retour sans son avocat, après avoir entendu dans les médias que le procès se poursuivait sur une seconde journée.
Au fil des interrogatoires, Jean-José Rome, l’instigateur du système pyramidal apparaît comme s’étant entouré de personnes formées en comptabilité et en gestion. Les complices présumés du principal mis en cause semblent découvrir leur point commun à l’audience.
Des parties civiles lésées
Place aux parties civiles, entendues, notamment, sur leur adhésion et le contexte à la faveur duquel « Soussou JJ Privilège » a prospéré.
La première victime entendue est un personnel soignant en difficulté financière à l’époque. Elle explique comment ses collègues lui ont proposé ce « Soussou » pour s’en sortir.
Dans sa famille, décrit-elle, les anciens faisaient déjà des « soussous ». Elle s’est imaginée qu’il s’agit de la même chose, mais à plus grande échelle.
Elle a misé 2000 euros une première. Souffrante et devant partir à Paris pour se faire soigner, elle a vite compris qu’elle ne toucherait jamais son argent.
Jean-José Rome l’a rassurée, lui disant qu’elle serait remboursée. Au moment du plein essor du système, elle assure avoir établi une liste de 3500 participants.
Par la suite, après sa plainte, elle a épluché les procès similaires à ce même type d’affaires depuis 2022 pour obtenir justice. Elle a également créé un groupe Whatsapp avec les victimes pour poursuivre les démarches judiciaires jusqu’au procès.
Ils (Ndlr : les responsables du réseau) avaient tous des tee-shirts, étaient tous comme une équipe dans le bureau. Je n’ai pas perçu le piège tout de suite !
Un discours rassurant
Selon les différents témoignages, Jean-José Rome a toujours eu un discours rassurant grâce auquel il mettait les adhérents en confiance. Il communiquait dans le groupe whatsapp et, tous les vendredis, mettaient notamment un message « sur la protection du Seigneur ».
Une des parties civiles, incitée par sa fille, témoigne du risque qu’elle a pris pour participer au « Soussou ». En misant 7000 euros, elle devait toucher 20 000 euros.
Cette ressortissante d’origine sainte-lucienne a clôturé les livrets de certains de ses enfants. Malgré les avertissements de sa banquière, elle a remis l’argent en personne à Jean-José Rome.
Le tribunal enregistre la longue liste des demandes financières de dommages et intérêts des parties civiles. Leurs avocats plaident dans la foulée.
Pour Maître Katia Régis, tous ont, à un degré différent, mis leur pierre à édifice pour mettre sur pied et faire avancer ce « Soussou JJ Privilège ».
La question n’est pas l’appât du gain ici !
Peine mixte, amende, mandat d'arrêt et interdiction de gérer
Au moment de requérir, la procureure de la République tient à remettre les « points sur les i » concernant l’appellation de « soussou ». On devrait « plutôt l’appeler épargne ».
À l’encontre de Jean-José Rome, considéré tout en haut de la pyramide, elle demande une peine mixte de 20 mois de prison, dont 8 avec un sursis probatoire pendant 3 ans.
La magistrate du parquet requiert également une amende de 6000 euros, ainsi qu’un mandat d’arrêt. Pour le ministère public, l’instigateur présumé du système a « brillé par son absence car il ne voulait pas être confronté aux victimes ou à ses co-prévenus ».
Jean-José Rome a obligation de réparer le préjudice, de travailler et de payer les sommes au Trésor Public.
Il a interdiction de gérer une entreprise commerciale ou industrielle pendant 5 ans.
Pour les 7 autres co-prévenus, les réquisitions vont de 6 à 12 mois de prison avec sursis simple, avec une amende allant de 1000 à 3000 euros.
Délibéré en décembre
À VOIR La réaction de Me Virginie Mousseau, ce mercredi, à l'issue des deux jours de procès :
À ÉCOUTER Me Pascaline Jean-Joseph, avocate de la Défense
Après les plaidoiries de la défense, le tribunal décide de mettre sa décision en délibéré au 20 décembre.
√ Rejoignez notre Chaîne Whatsapp, RCI INFOS MARTINIQUE, pour ne rien rater de l’actualité : cliquez ici.