"Marvin était très serein", raconte le père du jeune randonneur retrouvé à l'Alma
Hugues M. a retrouvé son fils au bassin de l'Alma dans la nuit de dimanche à lundi (14 septembre 2020). Guide bénévole de randonnée, il est parti à la recherche de Marvin en pleine nuit accompagné d'un couple d'amis. Une expédition courageuse couronnée de succès mais également dangereuse.
En pleine nuit, dans la forêt du piton de l'Alma, Hugues M. 61 ans est parti à la recherche de son fils, Marvin. Le jeune homme de 22 ans était porté disparu depuis 16 h 30 dimanche après-midi. Ce sont deux amis à lui avec qui il remontait le lit de la rivière qui ont donné l'alerte.
Les pompiers et les gendarmes avaient arrêté les recherches à peu près vers 19 heures, faute de visibilité. C'est vers 21 heures, que le père de famille a été alerté. Immédiatement, il s'est mis en tête de retrouver son fils. "C'est sa mère qui m'a appelé et qui m'a dit que les gendarmes étaient venus chez elle pour lui dire que des recherches avaient été menées et qu'on avait pas retrouvé Marvin", raconte Hugues M.
Déjà présent dans le secteur d'Absalon, le guide bénévole de randonnée s'est rendu chez des amis qui sont spontanément venus avec lui. "Je connais très bien le secteur. J'ai déjà l'occasion de faire de la randonnée et du canyoning à cet endroit", précise-t-il.
Départ en pleine nuit
Équipé de torches et de cordes, le groupe remonte alors un sentier en terre durant 45 minutes pour arriver au premier bassin. Sur leur route au moins deux serpents et une forêt épaisse plongée dans le noir. "Il n'y avait pas une dangerosité excessive jusque là", assure pourtant le sexagénaire. À ce stade des recherches, l'homme et ses amis ont dû s'engager dans le lit de la rivière pour remonter le canyon.
Le trio est alors rejoint par une famille qui campait au niveau de l'aire d'accueil. "Ils m'ont dit qu'ils allaient m'accompagner pour chercher mon fils", raconte le papa. Ce groupe qui pique-niquait sur l'aire d'accueil de l'Alma avait déjà pris en charge les deux compagnons de Marvin. "Ils nous ont dit que l'eau était montée en une fraction de seconde", raconte Steven C., 20 ans.
"Quand on a vu que les pompiers avaient arrêté les recherches assez vite, on est allé s'équiper et on s'est motivé pour retrouver Marvin", explique Steven. Parti pour remonter la rivière, le groupe composé de 6 personnes a fait la jonction avec Hugues Morellon par hasard. "On a entendu une voix qui criait Marvin. C’est là qu’on est tombé sur le père", raconte le jeune homme.
Le groupe ainsi renforcé a continué à marcher durant presque une heure pour rejoindre Marvin.
L'équipe suit alors le lit de la rivière soit par le sentier soit directement dans l'eau. Après avoir contourné des troncs couchés dans la rivière et des roches glissantes, le groupe est arrivé au pied d'un canyon. C'est là que se trouvait le jeune homme de 22 ans porté disparu depuis l'après-midi.
Pris par la nuit, le jeune homme a alors choisi d'attendre les secours plutôt que de prendre le risque de descendre dans le lit de la rivière.
Ce sont finalement les voix du groupe qu'il a entendues vers 3 heures du matin. En short, buste nu, Marvin a un peu souffert du froid sans pour autant être victime d'hypothermie. "On était motivé. Ça nous a touché vraiment. On savait pas dans quel état on allait le retrouver. Le fait de le voir vivant, on était vraiment content", dit Steven Charlery.
Si Hugues M. reconnaît que son fils n'était pas bien équipé pour une telle aventure, il en veut tout de même aux services de secours.
Les pompiers expliquent la suspension des recherches
"Ils ont refusé de me dire où les recherches s'étaient arrêtées. Ils ont même essayé de me dissuader de partir de nuit, me disant que je risquais même une amende", raconte encore Hugues M..
"Je ne comprends pas que les recherches aient été interrompues. Il n'y avait pas de difficultés particulières pour des pompiers aguerris", assure le guide bénévole.
Pour les services de secours, l'obscurité et le risque avéré de montée des eaux que craignait aussi le père de famille justifiaient l'arrêt des recherches pour la nuit. "Le secteur de l'Alma est classé très dangereux par nos services. Il est connu pour sa dangerosité en période des pluies compte tenu de la montée rapide des eaux", explique le lieutenant Marius Malleau, officier de permanence au SDIS.
"Quand on a une demande de secours sur ce type de site, nous mobilisons tous les moyens que nous avons à disposition. Des équipes pédestres, des équipes spécialisées dans l'escalade et des équipes spécialisées en secours aquatique", précise-t-il.
Les pompiers l'assurent. Ils sont en capacité d'intervenir la nuit en tout point du territoire. "Dans des opérations comme celles là, nous sommes en mission partagée avec les forces de l'ordre. La phase recherche leur revient et nous nous sommes surtout la phase secours", commente l'officier de permanence.
Sur les reproches adressés par Hugues M., les services de secours rappellent que : "le père a pris des risques. Il s'en est bien sorti mais c'était dangereux. Nous avions engagé une quinzaine de personnes qui ont fait des recherches, tant sur le sentier que dans le lit de la rivière. Nous avons pris la décision d'arrêter parce que à la tombée de la nuit les risques sont plus importants".
"Les informations que nous avions à notre arrivée, nous ont amené à prendre la décision de suspendre les opérations. Nous avions rendez-vous à 5 heures du matin pour repartir en intervention. Les témoins ont insisté sur le fait qu'ils ont vu la victime se faire emporter par les eaux. Le pire était à craindre nous concernant", précise le lieutenant Marius Malleau.
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