Zone de mouillages organisés à Saint-Pierre : les travaux suspendus

Le projet de zone de mouillages organisés à Saint-Pierre, qui a démarré en fin d’année dernière, va prendre du retard. Les travaux de ce projet initié il y a plus de 10 ans, soutenu financièrement à 80 % par l’Etat et porté par Cap Nord, avaient pourtant débuté « dans la plus grande transparence, en décembre 2023 », soutient la préfecture.

Mais récemment, plusieurs marins-pêcheurs de Saint-Pierre s’étaient mobilisés pour contester l’emplacement des bouées et le fait que la zone perturbe leur activité. La semaine dernière, après une visite de terrain, des modifications avaient déjà été actées avec des retraits ou des déplacements de bouées.

Réunion décisive à Cap Nord

Une nouvelle réunion s’est tenue hier (mercredi 17 janvier) au siège de Cap Nord, face au « mécontentement », relevé à nouveau en début de semaine par le député Marcellin Nadeau, dans un courrier adressé au président de l’EPCI (Etablissement Public de Coopération Intercommunale).

Et ce jeudi, Bruno Nestor Azérot reconnaît dans un communiqué qu’il faut reprendre les discussions car, visiblement, la concertation « n’a pas été suffisante ».

En tant qu’élu responsable et homme de dialogue, je reste plus que jamais ouvert à une large concertation dans l’intérêt de tous

Il réaffirme toutefois que ce projet est « indispensable » pour « une meilleure protection de la faune et la flore marines » et pour « favoriser le développement économique ».

Deux réserves pas levées

Lors de la réunion d’hier, Jean-Michel Cotrebil, président du Parc Naturel Marin de Martinique et du comité régional des pêches et élevages marins, avait rappelé les deux réserves émises en octobre par le Parc, lors de son avis conforme à ce projet.

Ces deux réserves n’ont pas été levées à ce jour. Il s’agissait d’une demande de description du dimensionnement des dispositifs de mouillage permettant de s’assurer de l’innocuité du dispositif sur les fonds marins et d’une étude de la fréquentation pour démontrer que la zone vient répondre à un besoin 

Pour Jean-Michel Cotrebil, favorable au projet, ce dernier, en l’état actuel des choses, met à mal l’activité de pêche.

Les marins-pêcheurs de Saint-Pierre avaient signalé qu’ils avaient une activité de pêche qui va au-delà des 200 mètres alors que le zonage des bouées est de 37,5 mètres pour les premières et 50 mètres, donc ils sont dans la zone de pêche des pêcheurs. Bruno Nestor Azérot a donc compris qu’il y a eu un bug sur ce dossier. Il est déçu, nous aussi 

Concernant les 80 bouées déjà installées et qui posent problème, le comité de mouillage de Cap Nord devra déterminer s’il faut les retirer ou les laisser en place

INFOS +

. 3000 places de mouillages organisés

En Martinique, il existe aujourd’hui 3000 places dans la zone de mouillages organisés alors que les autorités recensent près de 30 000 bateaux.

« L’idée d’une zone de mouillages organisés, c’est de partager l’espace en mer, partager les usages. Au Marin, la baie du Marin est un exemple qui fonctionne très bien. On a une deuxième zone au Marin en cours d’instruction tenue et gérée par la mairie du Marin. Aux Anses d’Arlet, il y a une zone organisée qui existe mais où il y a des problèmes techniques et on reviendra vers eux dans le courant de l’année », décrit Xavier Nicolas, le directeur de la Mer.

. Un « bienfait » pour l’environnement

Xavier Nicolas, le directeur de la Mer, revient sur l’intérêt d’une zone de mouillages organisés et revient sur l’ « énorme bienfait en terme d’impact sur l’environnement ».

Il n’y a plus d’ancre, plus de chaîne. Cela permet aussi de choisir l’endroit où on met les chaînes. Là où il y a une patate corail, on ne met pas l’ancre, on ne met pas non plus le mouillage. La zone créée une zone de repos biologique. Le poisson, les tortues (etc…) sont beaucoup plus tranquilles. Enfin, elle permet aussi de limiter l’impact des déchets, avec un service de récupération des déchets, avec des navettes. C’est un bienfait aussi en terme de sécurité, c’est une zone surveillée.