Un colloque organisé à Schoelcher sur la recherche en mer en Martinique

Le festival de la mer, le Belya Lanmè, a débuté le 12 avril dernier. Au programme, diverses actions de sensibilisation autour de l’eau, la mer comme la rivière.

Dans ce cadre, un colloque sur les avancées des recherches scientifiques était organisé ce mardi (15 avril), au Palais des Congrès de Schoelcher.

L’événement était réservé aux spécialistes des questions de pollution, de réchauffement climatique, ainsi que sur les impacts sur la biodiversité et sur l’homme.

Partages de connaissances

Plusieurs chercheurs se sont succédé pour présenter les nouvelles connaissances, leurs travaux et conclusions.

Axelle Lefaucheur, doctorante en biologie marine au Parc naturel marin, est venue présenter le projet Trace, une étude de la biodiversité après l’interdiction de pêche en 2010 sur les zones contaminées par le chlordécone :

Quand on ferme une zone à la pêche, on est censé observer un retour de la biodiversité, donc des poissons qui vont revenir habiter sur cette zone, qui vont grossir, se reproduire et peut-être plus tard, exporter derrière cette biomasse retrouvée vers les zones adjacent. Donc en fait, depuis 2010, on a eu une fermeture de ces zones par rapport à la pollution et une fermeture non pas pour des raisons de protection de la biodiversité, mais plutôt pour des raisons sanitaires, pour éviter que la population se contamine par la consommation de poisson, eux-mêmes déjà contaminés par la pollution. On devrait commencer à avoir les premiers résultats dans le courant de cette année. On devrait mettre en ligne sur le site internet du Parc naturel marin, un onglet avec les résultats en live, quasiment. J'invite la population, s'ils sont intéressés à avoir l'information au fur et à mesure, à se connecter sur le site du parc. Les premiers effets réserves concrets commencent à être observés au bout de 15 ans. Et là, on est pile dans la fenêtre. On y est.

« Une dizaine de genres de bactéries identifiées »

Malika René-Trouillefou, maître de conférence en biologie-écologie à l’université des Antilles, a évoqué le projet TRACMIC (Traçage des contaminants microbiens d’origine humaine en provenance des stations d’assainissement en Guadeloupe et en Martinique) :

Ce que nous avons vu, c'est qu'on peut identifier au moins une dizaine de genres de bactéries qui sont potentiellement pathogènes et qui se retrouvent à la fois en entrée, en sortie, mais au niveau aussi des points d'éjection en mer des stations, mais aussi, on l'a fait dans trois cas précis, le long d'échantillons que nous avons prélevés dans l'environnement associé aux stations. Ça veut dire que ces genres bactériens, potentiellement délétères pour la santé des organismes marins, sont présents dans tout l'environnement. Donc, il faut comprendre ce qui les induit. Est-ce que la station d'épuration peut réduire leurs charges ? Mais peut-être aussi que les dispositifs actuels de traitement ne pourront pas les prendre en compte. Par contre, puisque maintenant, on a retrouvé leur ADN, qu’on sait qu'ils sont susceptibles d'être présents, il faut encore voir comment ils agissent lorsqu'ils se retrouvent en milieu marin, sur les colonies coralliennes ou sur les poissons ou sur les mollusques, etc. Il faut continuer. Et c'est pour ça qu'on vient échanger. Et l'Office de l'eau, qui finance d'ailleurs ce projet, nous en donne la possibilité. On vient dire il faut continuer, il faut soutenir ce projet-là. Et pourquoi pas, avec cette nouvelle connaissance, est-ce qu'il ne faudrait pas aller, en fait, vers une adaptation des normes.