Montagne Pelée à l’Unesco : l’état du site est une « honte », selon plusieurs observateurs

Par 20/01/2025 - 10:41 • Mis à jour le 20/01/2025 - 15:16

L’inscription des « volcans et forêts de la Montagne Pelée ainsi que les pitons du Nord de la Martinique » au Patrimoine mondial de l’Unesco a été saluée avec une satisfaction en Martinique. Un an et demi plus tard, beaucoup déchantent et dénoncent une inaction pour valoriser ces sites emblématiques.

    Montagne Pelée à l’Unesco : l’état du site est une « honte », selon plusieurs observateurs
Abri au parking de l'Aileron. Photo Yva Gelin

Le 16 septembre 2023l’inscription de la Montagne Pelée au patrimoine mondial de l’UNESCO (Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture) faisait la fierté de toute une population.

Un an et demi plus tard, certains acteurs expriment une frustration quant au manque de mise en valeur du site qui aurait dû être encouragé par ce nouveau classement.

Montagne Pelée Unesco

Manque d’accueil pour guider les visiteurs, toilettes publiques, refuge quelque peu défraîchis et parking avec une capacité d’accueil insuffisante…

Aucune valorisation

Le site est normalement sous la gestion du parc naturel de Martinique et de l’Office National des Forêts, mais il semblerait que certains projets prennent plus de temps que prévu à cause du classement en zone rouge pour tremblement de terre et éruption volcanique de la zone.

Ce qui freine les retombées économiques attendues

Pour André-Judes Cadassé, ambassadeur Unesco et entrepreneur en agro-écologie, c’est « honteux » de laisser un site classé à l’Unesco dans cet état. Dans un mail intitulé « Kamala Harris, Unesco et la Honte », il a souhaité alerter sur cette situation avant l’arrivée de « grandes personnalités » en Martinique.

André-Judes Cadassé, 1er refuge, Montagne Pelée, Unesco

On ne peut pas rester inactifs, surtout que ceci est un vivier d'emplois, un vivier de solutions pour demain, pour nos générations, pour nous-mêmes tout de suite. Et puis, tout simplement, pourquoi se taper tout le temps la honte comme ça ? On n'est pas capable d'accueillir. On se vexe quand le préfet précédent dit : « On n'a pas de projets », mais où sont les projets en fait ? ». Il n'y a pas d'images, mais j'invite n'importe quel compatriote à venir. Premier palier de la montagne Pelée qui accueille des millions de visiteurs : je peine à peine à décrire les toilettes, l'ambiance, la mise en place de dispositifs de valorisation… Il n’y en a aucun. Depuis deux ans. Il n'y a même pas un petit panneau qui dit « Unesco », il y a rien. C'est le vide total. C'est inadmissible parce que n'importe quel petit patelin au monde, en commençant par notre île voisine, ils ont valorisé pendant 10 ans, ils ont gagné des millions, ils ont créé des emplois. Par exemple, on fait une petite tasse avec Unesco marqué, on a le droit. Ça génère de l'argent, des emplois. Je fais de l'humour, évidemment, mais c'est vrai. Même cette valorisation simple que n'importe quel pays au monde fait, on l'a même pas fait depuis deux ans.

Des lenteurs administratives

La situation sur place n’est pas si simple en termes de gestions, comme l’explique le maire de la commune du Morne-Rouge et conseillère territoriale, Jenny Dulys.

jenny Dulys, montagne Pelée Unesco

C'est le parc naturel régional qui s'en occupe. Mais n'oublions surtout pas, puisque monsieur le maire d'Ajoupa-Bouillon revendique que l'Aileron, c'est sur le territoire d'Ajoupa-Bouillon. La mairie du Morne-Rouge est concernée parce que l'entrée principale de l'Aileron se trouve sur le territoire péléen. Il y a un projet d'aménagement de l'Aileron. Nous avons pris beaucoup de retard, une dizaine d'années de retours parce que l'ancienne région avec le parc naturel, il y avait déjà un projet d'aménagement. Malheureusement, il y a eu la CTM qui est arrivée et le projet n'a pas continué. Là, nous le reprenons avec le parc naturel régional. Le projet est excellent. Il s'agit maintenant d'une lenteur administrative. Il faut que le PPR, Plan Prévisionnel des Risques d'Ajoupa-Bouillon, soir validé et comme ce n’est pas encore fait, nous sommes un peu bloqués.

Christelle travaille au restaurant Le Refuge de l’Aileron depuis plusieurs années et confirme que l’entretien du lieu peut être problématique.

Malheureusement, les infrastructures qui sont en place actuellement ne permettent pas d'accueillir tout le monde et sont toujours dans un état très dégradé. Ça ne s'arrange pas. Ce serait bien juste de pouvoir, soit agrandir le parking, soit en tout cas mettre en place une équipe pour aider aux gens à se garer quand il y a des affluences, déjà dans un premier temps. Dans un deuxième temps, il faudrait essayer de mettre des infrastructures plus accueillantes, notamment les toilettes publiques, et permettre aux personnes qui sont là, qui travaillent déjà, d'accueillir plus favorablement les clients. Est-ce que vous sentez que les clients, ça les gêne quand ils arrivent ici ? Oui. Du coup, quand les toilettes sont dans un état pas possible, les clients viennent chez nous, ici, nous demander gratuitement d'aller aux toilettes. On ne peut pas se permettre de tout faire, de tout gérer. On a une structure et on ne peut pas nettoyer les abords. Nous, on est gênés.

Pour l’instant, le parc naturel de Martinique n’a pas répondu, malgré nos sollicitations.


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