À l'école, toujours plus de sensibilisation contre le harcèlement

Par 14/06/2023 - 05:00 • Mis à jour le 14/06/2023 - 06:43

Il est nécessaire de parler des cas de harcèlement. C'est ce que martèle l'académie de Martinique et les élèves qui ont participé au concours "Non au harcèlement".

    À l'école, toujours plus de sensibilisation contre le harcèlement
Harcèlement scolaire

"Je me faisais harceler par des fois des plus grands et même des personnes qui étaient dans la même classe que moi. Il y en a qui se moquaient un peu de moi par rapport à ma corpulence, tout ça", raconte Naérika Forbant. Elève en 5ème au collège François Auguste Perrinon, elle a été victime de harcèlement pendant plusieurs années.

J'avais du mal à en parler. Des fois, je gardais pour moi, mais après, à un moment donné, je revenais en pleurs chez moi. Du coup, j'en avais marre. Je ne voulais plus des fois venir à l'école parce qu'à chaque fois, on se moquait de moi. Au niveau CP, c'était ma directrice qui me harcelait. Une fois, elle m'avait pris mon goûter sous prétexte que je mangeais trop. En plus, j'avais certains élèves qui me harcelaient déjà. En CE2, c'était mon professeur qui me harcelait. Elle me disait que je mangeais trop aussi. C'était toujours le même prétexte, ma corpulence

Malgré les menaces de plainte de sa mère, le harcèlement a continué jusqu'au CM2. La directrice intervient alors. "Elle avait fait une leçon de morale pour dire que dans l'établissement, elle ne voulait pas de ce harcèlement", confie Naérika.

"Ça m'a laissée beaucoup de séquelles", avoue la collégienne.

Un concours pour sensibiliser

C'est pour donner la parole aux élèves, de l’école élémentaire au lycée, afin qu’ils s’expriment collectivement sur le harcèlement qu'est organisé le concours "Non au harcèlement". Les élèves créent une affiche ou une vidéo.

On a préparé une vidéo contre le harcèlement. On a choisi quelqu'un qui était moi pour montrer que le harcèlement est réel. Cette vidéo, c'est important pour moi parce que je sais qu'il y a des gens qui se font harceler, comme il y a déjà deux personnes qui se sont suicidées pour arrêter de subir le harcèlement. Donc, c'est important pour moi que tout le monde puisse comprendre d'arrêter de harceler, dit Sloane, 9 ans, élève de l'école Berteau Marie-Rose au Lorrain

Avec ses camarades de classe, elle a réalisé le court-métrage « Ne laissons pas le harcèlement se tapir dans notre école ».

Cette année, 33 établissements ont participé et présenté leurs projets (9 écoles, 1 lycée et 22 collèges). Des élèves volontaires accompagnés de leurs enseignants ont proposé des affiches et des vidéos selon un cahier des charges élaboré au niveau national par le Ministère.

Une remise de prix s’est tenue ce mardi matin au Collège Roger Castendet, à Fort-de-France. Et c’est le Collège Roger Castendet qui remporte le prix coup de cœur académique pour son projet.

Lancé en septembre 2013, le prix « non au harcèlement » récompense les projets collectifs dénonçant ce phénomène ou proposant des solutions pour lutter contre le harcèlement entre pairs, le cyberharcèlement et le harcèlement sexiste et sexuel.

L'académie impliquée

L’académie de Martinique affiche par ailleurs sa forte mobilisation autour du harcèlement. Depuis 2021, des écoles et des collèges sont engagés dans le programme « PHaRe de lutte contre le harcèlement ». Il s’agit d’un protocole de prise en charge des faits d’intimidation et de harcèlement en milieu scolaire.

Dans tous les établissements, nous formons au moins cinq personnes pour pouvoir adopter une méthode dont nous savons qu'elle est efficace, de repérage des élèves. C'est très important de pouvoir, dès le début, repérer des signes de harcèlement avant que, justement, ça ne s'enkyste, avant que ça puisse avoir des effets extrêmement traumatiques pour les jeunes, appuie Nathalie Mons la rectrice d'académie.

Le harcèlement en chiffres

Situations de harcèlement signalées au niveau académique durant l’année 2022-2023 :

- 48 cas de harcèlements signalés

- Écoles primaires : 11

- Collèges : 27

- LP-LGT-LPO : 8 (2 cyberharcèlement)

- Comparatif 2021-2022 : 17 cas signalés dont 1 de cyberharcèlement (11 cas en 2020)

Ces chiffres ne révèlent pas une augmentation du nombre de cas mais témoignent de l’impact de la communication auprès des élèves et de leur famille, selon le Rectorat. Toutefois, ils n'appréhendent que les faits signalés et non pas ceux dont les victimes ne parlent jamais.

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