Le Rectorat annonce 70 suppressions de postes en Martinique à la rentrée 2025
L'académie de Martinique comptera 70 enseignants en moins à la rentrée 2025. Si les syndicats reconnaissent la baisse démographique en cours, ils estiment que la diminution du nombre de professeurs n'est pas une solution.

La rectrice d’Académie Nathalie Mons a présenté hier (lundi 20 janvier) les moyens d’enseignement attribués à l’Académie de Martinique pour la rentrée 2025.
Une rentrée placée à nouveau sous le signe de la déprise démographique. En 8 ans de 2016 à 2024, la population scolaire a diminué de près de 18% soit 13 748 élèves en moins dans le premier et second degrés.
Nathalie Mons, la rectrice d'Académie de Martinique, soutient ce constat de déprise démographique :
Cette année malheureusement nous perdons dans le primaire plus de 400 élèves et plus de 500 dans le secondaire. C'est une déprise démographique qui dure depuis plusieurs années sur la dernière décennie c'est quasiment un élève sur cinq en moins dans l'académie de Martinique donc c'est un mouvement structurel de fond. Alors comme nous sommes confrontés à une très forte déprise démographique nous avons certaines suppressions mais ces suppressions de postes sont beaucoup moins importantes que le recul des effectifs si bien que cette année nous avons une progression du taux d'encadrement des élèves par les enseignants à la fois dans le primaire et dans le secondaire
Elle observe néanmoins que sur le papier, le taux d'encadrement, c'est à dire le nombre d'enseignants par élèves est important en Martinique, selon les critères du ministère :
Il faut savoir que l'académie de Martinique est numéro un de toutes les académies pour le primaire en termes de taux d'encadrement. Nous avons plus de 8,75 enseignants pour 100 élèves, cela nous classe en tête de toutes les académies nationales
Lutter contre l'incivilité
Cependant, face à la montée des incivilités à l’école du au contexte dégradé sur le territoire, des postes supplémentaires de CPE et AED (assistant d’éducation) devraient venir en renfort pour cette nouvelle année scolaire.
La rectrice apporte des précisions sur ces renforts
Le ministère nous a entendus, le territoire de la Martinique est confronté à davantage de violence et donc il nous a dotés de postes supplémentaires alors que les effectifs d'élèves diminuent. Donc cette année nous aurons un poste de CPE supplémentaire et trois postes d'AED. Cela va nous permettre de constituer une cellule d'appui mobile aux établissements qui sont les plus exposés et de travailler avec ces établissements où il peut y avoir une augmentation des incivilités
Des secteurs sont particulièrement visés par ces appuis supplémentaires :
Nous sommes vraiment tout à fait préoccupés par le Nord et puis toutes les zones urbaines défavorisées et là nous sommes vraiment très soucieux d'y apporter un maximum de ressources. Nos établissements dans le nord Atlantique et Caraïbe bénéficient de taux d'encadrement qui sont extrêmement favorables et nous avons aussi une politique dans l'académie pour mettre davantage de moyens dans les établissements d'éducation prioritaire
Le SNES-FSU fustige ces annonces
En parallèle, certaines suppressions de postes devraient également être opérés dans le primaire, aux collèges et aux lycées.
Des annonces qui font réagir le syndicat national des enseignements du second degré de Martinique. Valérie Vertale Loriot, co-secrétaire académique du SNES Martinique et secrétaire adjointe de la FSU, fustige cette situation :
On a l'impression des fois un peu que le rectorat se félicite des suppressions de postes. Donc il faut bien le comprendre pour la FSU c'est encore quelque chose inacceptable parce que tout simplement bien sûr qu'on a besoin de plus d'éducation en Martinique. Donc on ne peut pas encore continuer à supprimer des postes. Je rappelle à toute fin utile quand même qu'il y aura 49 postes supprimés dans le second degré et 21 postes supprimés dans le premier degré. Ce sont encore des suppressions, c'est encore moins d'éducation alors que le second degré, mais aussi le premier degré sont dans une situation extrêmement difficile. Aujourd'hui on nous parle de poste d'AEDd et de CPE dont le chiffre est tellement ridicule qu'à la limite si ce n'était pas si triste on en rirait
Pour enseignante, la baisse démographique aurait dû être mise à profit pour lutter contre les difficultés structurelles de l'éducation en Martinique :
Ça fait 1500 suppressions de postes ces 15 dernières années sur la Martinique toute seule. Bien sûr qu'on serait traité d'irresponsables si on ne reconnaissait pas qu'il y a une véritable baisse démographique qui est extrêmement inquiétante, mais en tout cas nous le disons et ça depuis plusieurs années que nous aurions dû profiter de cette baisse démographique pour avoir un nombre d'élèves par classe qui serait acceptable pour pouvoir venir à bout de nos difficultés qui sont des difficultés structurelles
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