Pourquoi les œufs se font si rares dans les rayons en Martinique

Depuis plusieurs semaines, il est difficile de trouver des œufs dans les commerces (hyper, supermarchés et épiceries de quartier). Les rayons sont vides ou réapprovisionnés épisodiquement selon les enseignes. Et quand il y a des œufs, ils partent très vite.

Les consommateurs victimes de cette pénurie s’organisent et adaptent leurs alimentations en fonction. Rozen, une grande consommatrice d’œufs, envisage même un plan B.

J’ai eu des poules à une époque, mais elles ont été attaquées par des manicous. Je vais peut-être penser à en reprendre.

Comment expliquer cette pénurie ? Plusieurs raisons à cela, comme l’explique Bérangère Bonnetête, directrice générale de Martinique Aviculture, entreprise leader sur le marché martiniquais en matière de production d’œufs. Elle était l’invitée de la rédaction de RCI ce lundi (29 avril).

Bérangère Bonnetête précise, en premier lieu, que les aviculteurs ont dû faire face à l’inflation.

En 2023, on a eu une augmentation de nos coûts d'aliment. L'aliment, c'est 60 à 65 % du revient d'un œuf, donc c'est énorme. Tout a augmenté aussi, les emballages, l'énergie… On a accepté de prendre sur nos marges pour ne pas plomber encore davantage le portefeuille de nos consommateurs et pour protéger aussi notre filière, souvent citée en exemple car la seule qui soit à l’autosuffisance en Martinique.

Une explosion de la consommation en 2023

Les aviculteurs ont accepté de ne pas répercuter la totalité de cette hausse des coûts sur le prix de vente. « Ce qui a été moins vrai pour d’autres produits comme la viande et le poisson », note Bérangère Bonnetête.

C'est ce qui explique aussi que sur 2023, on note une explosion de la consommation sur les œufs. Au niveau national, on a de vrais chiffres, mais c'est certainement la même tendance en Martinique. L'œuf, c'est vraiment le produit anticrise, c'est la protéine la moins chère du marché. La protéine animale, j'entends.

Les producteurs doivent faire face à une forte demande alors que le cheptel, lui, est identique aux années précédentes. C’est là toute la difficulté à entendre Bérangère Bonnetête.

On a été rejoint sur le marché par notre premier concurrent, la Ferme de Augrain, qui se situe au Robert. Nous, on a 155 000 poules. Lui, en a 45 000. Donc lui plus nous, on est à 200 000 poules pour pouvoir répondre à la demande. Il y a aussi un éleveur qui est à morne Capot qui propose de l'œuf bio. On ne peut pas faire de miracle. Les poules, elles font ce qu'elles peuvent, mais on ne peut pas leur demander davantage. On est en légère augmentation de volume en 2023, mais on ne pourra pas aller plus loin.

Un bâtiment de 16 000 pondeuses perdu

Autre élément qui explique la pénurie d’œuf actuelle, un incident survenu chez l’un des producteurs de l’île, ainsi que l’explique Bérangère Bonnetête.

Notre concurrent a eu une panne électrique. Il a donc perdu un bâtiment de 16 000 pondeuses, donc 16 000 poules sur un marché de 200 000, c'est quand même 8 %. La grosse partie de la pénurie actuelle, elle est aussi expliquée par ça. C'est quelque chose qui va se régler. On va revenir à une situation normale pour lui, en tout cas je l'espère pour lui et pour nous.

Selon la directrice générale de Martinique Aviculture, il faudra être un peu patient. Elle estime un retour à une situation normale fin septembre ou début octobre. Elle espère que les clients seront indulgents.

C'est une situation qui n'est pas confortable pour nous parce que les gens ne comprennent pas. Donc, merci de m'avoir invité aujourd'hui pour expliquer. Tout ça devrait quand même se tasser. Je passe régulièrement dans les magasins. Je trouve que c'est quand même de mieux en mieux achalandé. Je pense que quand notre concurrent remettra en service son troisième bâtiment, ça ira.

√ Rejoignez notre Chaîne Whatsapp, RCI INFOS MARTINIQUE, pour ne rien rater de l’actualité : cliquez ici.