Au Lamentin, un séminaire pour valoriser le mouton local et relancer la filière

Par 17/06/2025 - 14:09

Les éleveurs ovins étaient rassemblés, ce lundi (16 juin), à la chambre d’agriculture, au Lamentin. Ils ont participé à un séminaire destiné à valoriser le mouton local et à redynamiser la filière fragilisée par des vols, mais surtout des attaques de chiens.

    Au Lamentin, un séminaire pour valoriser le mouton local et relancer la filière
@Cédric Catan

Redonner ses lettres de noblesses au mouton local. C’était l’objectif du séminaire dédié à l’ovin Martinik, organisé par la chambre d’agriculture et l’USOM (Union pour la Sélection de l’Ovin de Martinique).

Le cheptel local a fondu de moitié en quelques années, notamment à cause des vols et surtout aux attaques des chiens.

Ce qui a éloigné les éleveurs de cette activité. Ils ne seraient plus qu’une dizaine de professionnels reconnus sur le territoire.

Les différents acteurs de la filière viande, mais aussi les services de l’Etat comme la DAAF, étaient conviés à échanger autour du développement de cette activité.

« Des attaques de chiens récurrentes »

Claude Moquet-Torcy, le président de l’USOM, a évoqué le principal danger pour les éleveurs, à savoir la prédation des chiens divagants.

La plupart de ces chiens ont des propriétaires qui les laissent en divagation. Peut-être qu'ils se disent je le lâche pour qu'il aille se dégourdir les pattes, mais entre-temps, ils rencontrent un autre chien ou deux autres et ils partent en vadrouille et font des dégâts. Et ça, ça fait mal à nos petits ruminants. Personnellement, de 125 brebis, là, il ne m'en reste que 25. Je ne sais pas si vous vous imaginez. Donc, au fil des ans, on subit des pertes à la suite d’attaques récurrentes et, malheureusement, on n'arrive pas à les stopper. Donc, les bêtes sont enfermées le soir, donc sécurisées. Mais la journée, pour sécuriser un cheptel, avec les vallons qu’on a, les dénivelés, faire une clôture hermétique pour empêcher aux chiens d'entrer, c'est très compliqué.

« Méconnaissance de ses qualités »

Pour Claudine Vertueux-Degras, responsable de l’établissement de l’élevage à la chambre d’agriculture, il faut faire mieux connaître les caractéristiques du mouton local.

Le mouton est en danger. On a parlé des chiens, on a parlé des vols. Il est aussi en danger par méconnaissance de ses qualités. Certains éleveurs ont l’impression que ce sont des bêtes qui ne sont pas de gros gabarits et donc n’ont pas un rendement important. Alors qu'en fait, on a réussi à démontrer que non seulement il y avait une bonne rentabilité, mais que surtout, c'est un animal économique qui valorise les fourrages grossiers. Quand je dis valorise, c'est qu'il les transforme en bons kilos de viande. C'est un animal qui a un atout gustatif et les études montrent que, élevé à l'herbe, ce qui est le cas du mouton Martinique, il donne une la viande peu grasse déjà, avec un taux élevé en rapport Omega 3 et Omega 6. Au-delà de ça, c'est un animal qui est facile à conduire parce qu'il est rustique et adapté à son environnement naturel. Donc, on va dire que c'est l'animal des montagnes, des montes, des vallées, des creux, des roches. Pour chez nous, c'est quand même beaucoup plus facile. Et puis il est résistant aussi aux parasites externes du fait de son poil rare et courant. Donc, les tiques ont du mal à s'y accrocher.

« L’exportation, pourquoi pas »

Notre mouton, aux vues de ses caractéristiques, attise les convoitises au-delà de nos frontières, comme l’explique Claudine Vertueux-Degras.

Nous sommes référencés parmi les races de France. Les éleveurs sont de vrais experts parce que ce n'est pas facile de conduire du mouton à l'herbe. Ce n'est pas si évident de faire du mouton. Et quand on voit que dans certaines zones en France, notamment dans le sud de la France, on veut récupérer nos moutons parce qu'ils sont résistants par rapport au changement climatique. On veut les récupérer aussi pour du croisement d'absorption par rapport à la mue, puisqu'on va moins tondre en France, puisqu'il y a moins de tondeurs expérimentés. Et donc, pour eux, le fait que l'animal perde naturellement sa toison, c'est un atout intéressant. L'exportation de nos moutons a déjà eu lieu déjà la Guyane, vers Sainte-Lucie. Il y avait un projet aussi vers l'Indonésie. Et pourquoi pas plus ? Parce qu'on se rend compte que certaines fermes dans l’Hexagone prennent des moutons du Cameroun qui ressemblent aux nôtres, mais qui ne sont pas les nôtres. Et donc du coup, oui, l'exportation, pourquoi pas. L'idée pour nous, c'est de dire aux éleveurs arrêtez de prendre des animaux de l'extérieur non adaptés.


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