Le Mardi Gras et ses emblématiques Diables Rouges

Par 01/03/2022 - 12:35 • Mis à jour le 02/03/2022 - 07:28

Temps fort du Carnaval martiniquais, le Mardi Gras met en lumière les Diables Rouges. Une journée où la ferveur populaire est souvent à son apogée et où les carnavaliers se parent de rouge pour suivre le vidé. Ainsi, en ce 3ème jour de Carnaval à Fort-de-France, la température risque de monter dans les rues du centre-ville. Qui est ce Diable Rouge? D'où vient-il? Que symbolise-t-il?

    Le Mardi Gras et ses emblématiques Diables Rouges
L'emblématique Diable Rouge

La plus ancienne tradition connue du Mardi Gras est celte et célébrée par les druides. Cependant, certains historiens voient aussi l'origine du Carnaval dans les rites égyptiens de la fertilité. Ils citent notamment, la fête d'Osiris, destinée à marquer le reflux des eaux du Nil, après la période d'inondation. Il s'agissait alors de fêter la fin de l'hiver et la renaissance de la nature.

une fête également présente chez les grecs et les romains, sous le nom "rite de printemps".

Au Moyen-Âge, l'Eglise catholique essaie de supprimer les idées et traditions païennes. C'est ainsi qu'elle intègre ce dernier rite à son calendrier.

Il devient donc le Mardi Gras, avant le mercredi des Cendres qui symbolise aussi le début du Carême, un temps de prière et de jeûne de quarante jours avant Pâques. 

Apparaît alors l'idée de Carnaval. 

C'est pourquoi, selon certains historiens, si celui-ci a toujours inspiré la fête et les déguisements, chaque territoire a développé ses spécificités et a ainsi adapter le carnaval à sa culture.

En Martinique, c'est au XVII ème siècle que nous trouvons les origines de ce temps fort. En effet, dès les premiers temps de la colonisation, des manifestations carnavalesques ont eu lieu dans l'île.

Tout d'abord organisée pour le gouverneur et sa femme, le Carnaval est très rapidement récupéré par la population, qui crée des défilés au cœur des quartiers en y introduisant tambours, danses et croyances africaines.

Alors qu'au XVIII ème siècle, la manifestation connait des hauts et des bas, en 1765, le Gouverneur Fenelon l'interdit, considérant que les esclaves "couraient les rues déguisés et masqués, armés de bâtons et de coutelas".

Ces interdictions de réjouissance dans les rues se renouvellent au XIXème siècle, plus précisément jusqu'en 1850. Après cette date, les vidés reprennent en Martinique, devenant à la fin du siècle, un moment incontournable.

Le Diable Rouge, figure emblématique du Mardi Gras

Le "djab rouj", aussi appelé Papa Djab, est traditionnellement entouré de ses diablotins (ti djab), dont l'apprenti, le compagnon et le patron.

Il est un des personnages caractéristiques du Carnaval martiniquais et trouve ses origines en Afrique.

Aimé Césaire avait d'ailleurs expliqué avoir été frappé par les similitudes existantes entre l'accessoire festif caribéen et les masques animaliers des jeunes initiés, lors d'un voyage, chez son ami Léopold Sédar Senghor, dans la région de Casamance, au Sud du Sénégal.

Des masques, là-bas aussi, réalisé en matériaux de récupération, ornés d'une constellation de miroirs, représentant la connaissance et de cornes de bovins, symbolisant l'abondance.

Ils y sont portés par les jeunes initiés du Bukut diola, lorsqu'ils vivent un apprentissage pour accéder à la maturité et au statut d'homme. Sans cette initiation, les jeunes gens ne pourront, en effet, ni se marier ni recevoir de la terre et s’excluent, de fait, de la communauté.

En Martinique, le Diable Rouge occupe, dès les premiers défilés, une place centrale des festivités du Carnaval. Il apparaît, vêtu d'une sorte de combinaison rouge.

Certains contes populaires comme "la Pimprenelle", illustrent l'importance  qu'avait ce personnage pour les enfants, à l'époque. Mais si cette créature les effrayait, elle pouvait tout autant les faire rire.

Aujourd'hui encore, les Diables Rouges attaquent et piquent les carnavaliers, plus ou moins jeunes, à l'aide de leurs fourches.

Cependant, les cornes du Diable Rouge évoquent aussi, pour certains, le Malin, ce personnage issu de la religion catholique, à laquelle bon nombre d'esclaves avaient été obligés de se convertir. Un personnage qui permettait aussi de rappeler à l'ordre les enfants.

Enfin, si le Diable Rouge est un élément central du Carnaval, il représente finalement, parfaitement, le métissage des cultures avec lequel cette manifestation évolue. 
Sa présence dans les rues, le Mardi Gras, doit aussi rappeler l'importance de ce masque, ici ou ailleurs, dans des pratiques sociales, culturelles, parfois cultuelles ou religieuses.