L'Atlantique ou comment Manon et Pierre ont mis le cap sur le grand large...

Par 02/12/2016 - 22:34 • Mis à jour le 18/06/2019 - 15:17

Appréhender le monde à travers les océans en allant parallèlement à la rencontre des gens qui n'ont pas résisté à l'appel du Grand Large et en faire un récit radiophonique, c'est le rêve qu'ont entamé deux jeunes français au début du mois d'octobre 2016. Manon Giri, 26 ans, est une parisienne a priori peu habituée à la mer. Pierre Chailloleau, 23 ans, vient, lui, de l'île d'Oléron. Leur traversée de l'Atlantique les a conduit en Martinique. Avant de quitter l'île pour une nouvelle destination, ils ont, pour Visions d'ici & d'ailleurs, raconté leur histoire.

    L'Atlantique ou comment Manon et Pierre ont mis le cap sur le grand large...
Cette transatlantique, c’est d’abord l’histoire d’une rencontre. Deux amis venus dans un studio de radio pour entendre le monde, les gens et leurs vies. Radio Debout, une histoire qui a duré le temps d’un mouvement populaire où les gens ont pu se parler, partager leurs visions du monde, leurs luttes et leurs envies pour se rencontrer librement.

Grâce à cette énergie, notre envie émergente de partir ailleurs s’est rapidement concrétisée. Partir pour commencer une nouvelle tranche de vie, juste après nos études. Peu importe la destination, il s’agissait surtout d’appréhender le monde à notre rythme. Celui du bateau nous semblait le bon : prendre le temps du voyage et ne dépendre que du vent, aller à contre-courant des grandes épopées modernes à tire-d’aile.

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Un voyage couplé à un projet radio

Puisque la radio nous a réunis, nous avons décidé, comme une évidence, de coupler ce voyage à un projet radiophonique. On s’est jeté à l’eau pour aller à la rencontre des gens qui font la démarche de traverser les océans.

Cela nous permet alors d’entendre une quantité incroyable de projets de vie différents, du retraité solitaire qui réalise son rêve à la jeune famille de voyageurs. On réalise, derrière notre micro, que la vie se passe partout, au-delà des vitres et des fauteuils de bureaux.

La première étape est prévue à Rabat, au Maroc, pour y retrouver le voilier avec lequel nous devons faire la traversée. Arrivés la veille, nous choisissons de tester le coachsurfing, ce concept qui met en relation les voyageurs avec ceux qui ont un canapé libre.

C'est Amine qui nous héberge et nous fait découvrir la ville. Mais le lendemain, pas de nouvelles du bateau... Nous attendons. Une panne de moteur les retient dans le sud de la France.

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L'attente au Maroc

Amine nous propose de rester un peu plus, il nous reçoit comme des Rois. Nos rendez-vous du soir nous amènent au port de plaisance de Rabat. Nos entretiens commencent sur les bateaux qui font escale. Nous rencontrons ainsi un couple franco-québécois et leurs deux filles qui partent pour un tour du monde. Finalement, après quelques échanges succincts, le capitaine de notre bateau nous fait savoir qu'il ne passera pas par Rabat, il file directement au Panama. Nous voilà passés d'intervieweurs à bateau-stoppeurs.

C’est ainsi que le Maroc s’offrira à nous, ses souks débordants, ses médinas chargées d’histoire et de couleurs, ses habitants à l’hospitalité légendaire. C’est une belle histoire, bien plus qu’une parenthèse. Nous qui pensions faire un voyage, raté ! C'est le voyage qui est en train de nous faire.
Et puis, sortie du chapeau, la possibilité de partir avec un catamaran de croisière s’offre a nous. Nous jetons un dernier regard aux minarets magiques, aux copains de Rabat, à ces deux semaines marocaines pleines de beaux souvenirs, et on file à Toulon pour le départ.

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Cap sur la Martinique

Nous rejoignons Baptiste, Yann et Marine, l’équipage du bateau. Départ le 8 octobre. En mer, la vie à bord s'organise en quart de deux heures chacun, jour et nuit. Nous faisons une première escale, après 5 jours de navigation, à Gibraltar. Nous y restons 24 heures. Un rocher, quelques immeubles posés sur son flanc et une baie couverte de vraquiers et de cargos en attente d'un départ qu'on devine parfois hypothétique. Une bizarrerie que l'on contemple avec curiosité.

Nous repartons heureux de quitter la Méditerranée et sa houle qui secoue. On profite d'une journée de grand calme pour se baigner, là, au milieu de l'océan avec plus de mille mètres sous nos pieds. On ne fait pas les fiers dans ce grand bleu qui nous avale.
Nous arrivons une semaine plus tard à l'île de Ténérife, aux Canaries, dernière étape avant la grande traversée. Nous visitons l'île, son volcan aux airs lunaires et ses fromages grillés délicieux.

Une après-midi est consacrée au désormais habituel arpentage de ponton. Là encore, de belles histoires de bateau et de voile. Des personnes qui ont franchi le cap, se détacher, oser partir et tout plaquer. On apprend juste avant le départ que le port d'arrivée sera celui du Marin en Martinique.
C'est parfait pour nous qui voulions démarcher les radios martiniquaises pour leur proposer notre projet de documentaire sonore et rencontrer les acteurs du paysage radiophonique martiniquais.

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La traversée

Après l'avoir longuement fantasmée de façon un peu lointaine, nous voilà partis pour la longue traversée. Minimum quinze jours sans voir la terre. La vie est rythmée par les quarts. Ceux de nuit passés à déchiffrer les constellations célestes et puis ceux du jour consacrés aux parties de tarot, à la lecture, à la cuisine.

Chaque jour pareil et pourtant différent. On perd rapidement la notion du temps et des jours. Souvent, un banc de dauphins vient nous saluer. Ils jouent dans l'étrave, font des sauts périlleux et nous transmettent leur joie. On regarde autour de soi, encore plus heureux d'être là. Seul le changement d'heure que nous faisons tous les deux jours nous rappelle qu'on va bien finir par arriver.

Le 6 novembre, au petit jour, l'île se dévoile par sa pointe sud. Le Diamant nous salue tout en majesté. Outre la terre qui se rapproche en douceur, les odeurs viennent nous submerger. On respire à pleines narines celles de la terre humide, du café qui chauffe, de l'asphalte mouillé par la récente averse.

Voilà l'ancre posée à Saint Anne, nous, un peu interloqués d'être arrivés, d'avoir traversé un océan.

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A la découverte de la Martinique et de ses radios


On découvre peu à peu la Martinique. Saint Anne, la plage des Salines, puis le Marin où le bateau finit son périple avant de repartir en charter. Quant à nous, nous avons trouvé un vieux gréement sur lequel habiter en échange de quelques travaux. On y travaille le matin et l'après-midi, nous nous consacrons à l'avancement de notre projet : rencontrer les radios martiniquaises et continuer d'interroger les navigateurs de l’atlantique.


Souvent, nous n'avons pas de contact auprès des radios, alors on trouve l'adresse sur internet, un numéro de téléphone et on frappe à la porte. Nous sommes ainsi allés à la rencontre de Radio Super Jeune, une radio associative située à Saint Anne. Ensuite, à Radio Actif Martinique au Marin, nous avons rencontré deux animateurs. Après une longue conversation, nous avons même été conviés à participer à une émission. Etrange de se retrouver cette fois devant le micro.

Il s'agit aussi d'aller à la rencontre des radios commerciales. Jocelyn de Radio Actif Martinique nous donne des contacts, sésame qui nous permettront peut-être de franchir les grilles de RCI ou de Martinique 1ère.


Nous voilà donc à Fort de France, nos gros sacs sur le dos, à gravir la colline qui nous sépare des locaux de ces deux radios. Si RCI nous accueille avec intérêt, nous n'avons pas réussi à franchir les doubles grilles de la radio publique Martinique Première.

Nous devons maintenant rencontrer RLDM pour en connaître d’avantage sur leur démarche. Ensuite, nous allons rejoindre la Guadeloupe pour y rencontrer d'autres bateaux qui ont fait la traversée et peut-être même d'autres radios.

Entamer ce voyage avec un projet de documentaire radiophonique, c'était se munir d'un talisman pour aller à la rencontre, échanger, écouter et partager. De très jolis moments et gens ont jalonné notre chemin et on repartira fort de cette première expérience-là.


Manon Giri et Pierre Chailloleau, novembre 2016.

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