Lutte contre le cancer : rester vigilant, même en temps de Covid

Par 09/06/2021 - 19:07

Guy-Albert Ruffin Duhamel est le directeur de la plateforme régionale d’oncologie. Il était aujourd'hui (mercredi 9 juin) invité du RCI Midi, pour parler prévention, vaccination et dépistage.

    Lutte contre le cancer : rester vigilant, même en temps de Covid
© sciencemag

Les conséquences de la pandémie de Covid-19

Depuis 2020, un phénomène inquiétant a été observé chez les patients : le renoncement aux soins. Guy-Albert Ruffin Duhamel l'explique par l'injonction à rester chez soi, l'embolisation du système de santé, et plus simplement la peur du coronavirus.

Beaucoup de personnes ne sont pas allées consulter pour des symptômes dits "faibles", comme une perte de poids, une fatigue ou l'apparition d'une grosseur. Certaines ont même parfois pu se tourner vers des solutions alternatives comme la naturopathie, voire des rites de nature magico-religieux ... De fait, certains cancers qui étaient peut-être encore débutants n'ont pas été pris en charge.

Le directeur se garde bien de jeter la pierre aux martiniquais, qui ont "fait comme ils pouvaient".  Toutefois, alors que la population revient à grands pas vers ses médecins traitants et autres spécialistes, on observe depuis quelques mois une surmortalité. 

La cause, des cancers aujourd'hui évolués, nécessitant des traitements plus lourds et affichant des espoirs de guérison bien plus limités.

Juin vert : mois de dépistage du cancer du col de l'utérus

A l'occasion du mois vert, Guy-Albert Ruffin Duhamel tient à sensibiliser la population aux HPV, les papillomavirus humains, généralement contractés au début de la vie sexuelle, et dont on sait qu'ils sont à 100% responsables du cancer du col de l'utérus.

Les différentes campagnes d'incitation au dépistage de ce cancer ont porté leurs fruits au niveau national. 60% des femmes se font dépister, contre seulement 43% en Martinique. On voit donc bien qu'il y a encore une marge de progression. Alors c'est vrai qu'il y a peu de cas sur notre île, environ 30 par an, mais on sait que grâce au dépistage, il est réellement possible de prévenir la mortalité de ce virus et de trouver des solutions thérapeutiques encourageantes. La démarche doit donc devenir un réflexe.

D'autres cancers liés aux papillomavirus

En effet, le col de l'utérus n'est pas seul concerné. Il faut aussi compter les cancers de l'anus, de la vulve et du vagin. Ceux des voies aérodigestives, particulièrement agressifs, sont là encore très massivement liés aux HPV. Et ils ne cessent de progresser.

Contrairement à une certaine acceptation populaire, les papillomavirus ne sont pas qu'une affaire de femmes. Ils sont avant tout une affaire de sexualité.

Les cibles des efforts de vaccination sont donc autant les jeunes garçons que les jeunes filles, entre 11 et 14 ans, avec des possibilités de rattrapage de 15 à 19 ans. Car le vaccin s'adresse à des individus qui n'ont pas encore eu de rapports sexuels.

La grande nouveauté, c'est que les populations d'hommes gay ou bisexuels peuvent se faire vacciner jusqu'à 26 ans. Pour combattre ces affections, il faut évidemment combattre la mentalité anti-vaccin qui gagne du terrain aujourd'hui, comme on peut très bien l'observer dans le cas du Covid-19, mais aussi les tabous sur la sexualité.

Le papillomavirus reste une infection sexuellement transmissible. Il faut garder en tête que si le préservatif est une protection nécessaire, elle n'est pas du tout suffisante.

Les autres cancers

Le directeur de la plateforme régionale d’oncologie rappelle enfin que tous les cancers sont à surveiller. 

Il y a les 3 localisations principales que nous connaissons bien : le sein, le tube digestif avec le côlon et le rectum. Et bien évidemment la prostate, dont nous détenons le triste record des cancers en Martinique.

Mais d'autres types de cancers sont aujourd'hui en augmentation, dont celui du pancréas, dit de "mauvais pronostic".

Le 4 février dernier, le gouvernement a annoncé sa première stratégie décennale de lutte contre le cancer. Elle met notamment l'accent sur le dépistage, la réduction des cancers évitables, et sur une lutte accrue contre ces cancers de "mauvais pronostics", c'est-à-dire qui tuent.

 

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