L'incendie de Dorville aurait-il pu être évité ?

Par 11/10/2021 - 11:17 • Mis à jour le 08/09/2022 - 08:54

Les riverains du site de traitement des déchets verts ne décolèrent pas. Selon eux l'incendie aurait pu être évité si la législation avait été appliquée.

    L'incendie de Dorville aurait-il pu être évité ?

Alors que la situation sanitaire met déjà les secours à rude épreuve, une dizaine de sapeurs-pompiers ont été mobilisés pendant plus d’une dizaine de jours sur un feu sur le site de traitement et de valorisation des déchets verts de Dorville à Baie-Mahault. Un incendie difficile à maîtriser selon le SDIS de Guadeloupe en raison de sa nature souterraine. 

Le sinistre est désormais maîtrisé mais les riverains de Dorville, Wonche et Dalciat, eux, ne décolèrent pas car l’installation avait déjà été épinglée à plusieurs reprises par les services de l’Etat pour des non-conformités.

 Tout commence en mars 2017, après un premier incendie, quand un collectif rassemblant les riverains de Dorville, Wonche et Dalciat, interpelle les autorités sur les nuisances, les dommages sur le plan sanitaire et les dangers potentiels, créés par la présence de l’entreprise SEREG à proximité de leurs domiciles. S’en suit alors une inspection réalisée par la DEAL dont le rapport en date du 28 avril 2017 relève 12 non-conformités au code de l’environnement. Des manquements par rapport aux prescriptions réglementaires tels que l’imperméabilisation du site, les moyens de lutte contre l’incendie ou encore le suivi des lots de compost sont également constatés.

Le 15 mai 2017, la préfecture met en demeure la société et lui donne 3 mois pour lever ces non-conformités. Mais lors d’une nouvelle inspection, le 17 juillet 2020 soit 3 ans plus tard, la DEAL constate que rien n’a été fait et émet une nouvelle mise en demeure le 7 septembre 2020. L’entreprise est alors sanctionnée d’une amende de 5000 euros.

Pourtant, près d’un an plus tard, le 5 mai 2021, les services de l’État procèdent à une nouvelle inspection et malgré les deux premières mises en demeure, les inspecteurs notent qu’aucun changement n’a été effectué sur le site.

En outre, la hauteur maximale de stockage des tas n’est pas respectée, dépassant de plusieurs mètres la limite autorisée. Lors de cette inspection, la DEAL constate aussi que les déchets verts sont juste entreposés et retournés pour limiter le risque d’incendie.

Le 1er octobre 2021, soit 5 jours après le début de l’incendie L’entreprise est sanctionnée par la consignation d’un montant de 26000 euros pour la réalisation d’une étude technico-économique destinée à définir les mesures de mise en conformité et à en définir le coût.

Néanmoins cette décision est loin de satisfaire du coté des riverains. Georges Chaar vit à quelques mètres du site. Les fumées de l’incendie ont rendu son quotidien ainsi que celui des ses voisins infernal ces 15 derniers jours. Ce riverain, par ailleurs, membre de l’association écologiste Rev’ Guadeloupe, s’insurge. Selon lui cette situation aurait pu être évitée. Il reproche aux services de l’État un certain attentisme face aux cas de non-respect de la loi. 

 

 

La société SEREG, elle, se défend en expliquant que la situation en Guadeloupe ces dernières années a fait prendre du retard dans le calendrier prévu pour la mise en conformité du site. François Xavier Badri, le directeur d’exploitation, explique que le nombre de déchets verts a ainsi considérablement augmenté après le passage de l'ouragan Maria fin 2017 et la crise sanitaire du COVID-19 a par la suite, pénalisé le fonctionnement de la société.

 

Aujourd'hui, les riverains s'inquiètent des conséquences sanitaires de la présence de ce site à proximité de leurs domiciles. Hormis la gêne occasionnée par les fumées de l'incendie, ils craignent désormais que les déchets ne contaminent aussi les sols.

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